Résumé de Faut-il en finir avec les contes de fées ?
Après #MeToo, le baiser non consenti de la Belle au bois dormant n’est plus synonyme d’émerveillement, la Belle est victime du syndrome de Stockholm, et le Petit Chaperon rouge ne veut plus être défini par sa beauté. À revoir les films Disney de notre enfance, le constat est sans appel : les contes défendent les inégalités de genre. Les personnages féminins des contes de fées sont de jeunes femmes passives et un brin idiotes, tandis que leurs homologues masculins sont au contraire puissants et courageux. Mais est-ce aussi simple ? Doit-on nécessairement boycotter ces contes qui nous paraissent dépassés ? Ou peut-on déconstruire notre héritage ?
Dans ce texte, Jennifer Tamas nous montre que les contes de fées ne sont pas voués à être jetés, mais doivent être relus, revisités, car ils nous éclairent sur notre société actuelle. Tout en dressant un portrait des inégalités de genre présentes dans les contes, elle rappelle le rôle de la conteuse et nous fait découvrir des personnages féminins forts écrits par des femmes. À travers de nombreux exemples cultes, Jennifer Tamas nous invite à redécouvrir les contes et à en tirer des leçons, pour apprendre à mieux vivre ensemble.
Éditions de La Martinière Jeunesse
Fiche technique
Titre : Faut-il en finir avec les contes de fées ?
Autrice : Jennifer Tamas
Édition – Collection : La Martinière Jeunesse – ALT
Nombre de pages : 32
Genre : Non-fiction
Date de parution : 12.04.2024
Âge : À partir de 15 ans
Formats & Prix : Papier : 3.50€ • Ebook : 2.99€
Mon avis sur Faut-il en finir avec les contes de fées ?
L’une de mes dernières lectures d’avril fut dédiée à un nouveau manifeste de la collection ALT (qui, tu le sais déjà sûrement, m’est très chère) avec Faut-il en finir avec les contes de fées ? de Jennifer Tamas que j’avais découvert en faisant mes repérages pour les sorties littéraires du mois. Il m’avait immédiatement fait penser à Et à la fin, ils meurent de Lou Lubie, une lecture graphique faite en tout début d’année et que j’avais adorée.
Après les avoir lus tous les deux, je peux maintenant te dire que ce sont deux ouvrages complémentaires, qu’il est intéressant de lire en regard de l’autre. Certains éléments majeurs se répètent inévitablement, mais leurs approches diffèrent tout de même – parce que si Lou Lubie s’attachait surtout à comparer les versions de mêmes contes, Jennifer Tamas s’intéresse surtout à la réception que l’on en a aujourd’hui.
Faut-il en finir avec les contes de fées ? revient sur le fameux débat du baiser non-consentit pour réveiller les princesses endormies, pour déconstruire l’idée que l’on se fait des contes (que Disney a en réalité pas mal dénaturés). Parce que ce qu’il est vraiment important de retenir de cette lecture, c’est que les contes de fées sont en réalité des matières malléables et réutilisables à l’infini, que l’on peut par conséquent interpréter de mille et une façons (ce que chaque société a fait au fur et à mesure de l’évolution des époques et des mentalités). Savais-tu, par exemple, que la Cendrillon imaginée par Madame d’Aulnoy est loin d’être une esclave ménagère mais bien une aventureuse maîtresse de son destin ? Ou que La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve est loin de ressembler à notre version d’aujourd’hui, mais qu’il interroge en réalité le désir féminin et prône le consentement mutuel ?
Les contes de fées sont en réalité un terreau infiniment riche dans lequel puiser nos idées préconçues et les faire grandir, parce que la plupart traitent de sujets et de thématiques infiniment plus modernes et d’actualité que ce que l’on croit. Il suffit d’ouvrir les yeux, de s’avoir s’interroger, lire un peu entre les lignes et (surtout) ne pas se fier uniquement à des dessins animés qui sont des réécritures faites pour la société des années 50-60 (donc possiblement anachroniques), pour au contraire avoir la curiosité d’aller comparer d’autres versions.
Voilà tout (et bien plus encore) ce que nous expose Jennifer Tamas dans Faut-il en finir avec les contes de fées ?, un petit manifeste de 32 pages aux grands pouvoirs, passionnant et à l’utilité évidente !
Ma note
La citation de Faut-il en finir avec les contes de fées ?
Si vous croyez que couvades et fantasmes de grossesse masculine sont de nouvelles lubies, vous vous trompez ! La mythologie grecque salue la puissance d’engendrement des dieux qui enfantent par la cuisse, la tête ou par la plongée de leurs organes dans l’eau. Et dans plusieurs textes folkloriques européens, surgissent des hommes enceints. C’est souvent un curé qui fait l’expérience de la grossesse, soit parce qu’il a été chevauché par sa servante (selon une croyance populaire, on pensait que l’homme s’ensemençait lui-même dans cette position), soit parce qu’un insecte (souvent un cafard) lui est entré dans le derrière pendant qu’il était assoupi sous un arbre, ou parce qu’on le soupçonnait d’être homosexuel et d’être fécondé comme une femme. Affolé, le curé demande conseil à son entourage féminin pour se faire avorter, mais une fois qu’il croit réussir à faire passer son bébé, il s’affole qu’il lui échappe sans l’avoir baptisé.
Il est fascinant de voir un homme d’Église expérimenter l’avortement et éprouver à la fois la nécessité et la tristesse de perdre un enfant.
Jennifer Tamas, Faut-il en finir avec les contes de fées ?
Le mot de la fin
Pour rappel, la collection ALT est un projet éditorial des éditions de La Martinière Jeunesse qui met en lumière de petits essais d’une trentaine de pages chacun, qui s’emparent d’un sujet de société, le décortiquent et invitent les jeunes (entre 15 et 25 ans) à s’interroger sur le monde qui change – tout cela à un prix imbattable et avec un format “cahier” qui se glisse partout.
J’ai déjà pu découvrir quatre autres livres de leur concoction qui ont été très instructifs… Et je ne compte bien évidemment pas m’arrêter en si bon chemin !
En attendant de te retrouver là-bas, je te souhaite un bon vendredi ainsi que d’excellentes lectures !
Mais, avant de partir, viens me dire en commentaires si tu es aussi passionné par la richesse des contes de fées que moi !
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
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