Des rêves dans la marge

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Emmanuel Carrère, L’Adversaire

Résumé de l’éditeur

« Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L’enquête a révélé qu’il n’était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu’il n’était rien d’autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d’être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Je suis entré en relation avec lui, j’ai assisté à son procès. J’ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d’imposture et d’absence. D’imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu’il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d’autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m’a touché de si près et touche, je crois, chacun d’entre nous. »

Folio

Fiche technique

Titre L’Adversaire

Auteur : Emmanuel Carrère

Édition – Collection : Gallimard – Folio (n°3520)

Genre : Non-fiction – Témoignage

Nombre de page : 224

Date de parution : 09.05.2001

Âge : À partir de 16 ans

Prix : 6.90€

Mon avis

Ça faisait déjà quelques années que j’entendais beaucoup parler d’Emmanuel Carrère et que je voulais tenter cette expérience de lecture… Sans jamais aller au bout de l’idée. (Toi-même tu sais comment ça marche.) Alors j’ai été vraiment contente en voyant que L’Adversaire était au programme de mon cours « Littératures de la modernité ».

Et mon enthousiasme s’est d’autant plus accentué lorsque j’ai vu le sujet de ce livre : l’affaire Jean-Claude Romand.

Parce qu’au-delà d’être un simple récit factuel de l’histoire que l’on connaît tous, c’est une véritable enquête de fond – non pas sur les meurtres en eux-mêmes mais bien sur l’homme qui les a perpétrés. Comment a-t-il pu en arriver là ?

Ce qui m’a vraiment marquée, c’est toute la réflexion à laquelle nous pousse ce livre. Emmanuel Carrère nous propose une plongée dans les tréfonds de l’âme humaine, avec ce qu’elle a de pire à offrir. Mais le véritable tour de force de L’Adversaire tient dans toute l’humanité qui en découle. Loin d’être excusé ou excusable, on en viendrait presque à plaindre ce meurtrier, et si on veut aller plus loin : à le comprendre.

Le récit d’une vie qui oscille entre mensonges, impossible chance, croyance, religion, et apparences. C’est de tout cela et de bien plus encore que traite L’Adversaire. Et qui réussit d’ailleurs à rendre cette histoire incroyablement addictive et fascinante, mais surtout malaisante. Certaines scènes donnent des frissons. Vraiment. Ce n’est pas le genre de livre que tu peux oublier facilement une fois refermé. Il m’arrive encore régulièrement d’y penser et de m’interroger sur cette histoire abracadabrante.

Bref, un récit fort en émotions que je ne peux que te recommander !

La citation

Seules les parties civiles ne le regardaient pas. Assise juste devant moi, entre ses deux fils, la mère de Florence fixait le plancher comme si elle s’accrochait à un point invisible pour ne pas s’évanouir. Il avait fallu qu’elle se lève ce matin, qu’elle prenne un petit déjeuner, qu’elle choisisse des vêtements, qu’elle fasse depuis Annecy le trajet en voiture et à présent elle était là, elle écoutait la lecture des 24 pages de l’acte d’accusation. Quand on est arrivé à l’autopsie de sa fille et de ses petits-enfants, la main crispée qui serrait devant sa bouche un mouchoir roulé en boule s’est mise à trembler un peu. J’aurais pu, en tendant le bras, toucher son épaule, mais un abîme me séparait d’elle, qui n’était pas seulement l’intolérable intensité de sa souffrance. Ce n’est pas à elle et aux siens qui j’avais écrit, mais à celui qui avait détruit leurs vies. C’est à lui que je croyais devoir des égards parce que, voulant raconter cette histoire, je la considérais comme « son » histoire. C’est avec son avocat que je déjeunais. J’étais de l’autre côté.

Emmanuel Carrère, L’Adversaire

Ma note

Le mot de la fin

Et toi, tu aimes Emmanuel Carrère ? Tu as lu d’autres de ses œuvres ?

Amandine Stuart

5/5 - (1 vote)

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