Résumé de l’éditeur

« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux… »

Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l’Antiquité. De la littérature au discours politique, elle nous raconte avec humour et lucidité les rouages de la fabrique des histoires et le pouvoir de la fiction.

L’Arche

Fiche technique

Titre Je suis une fille sans histoire

Autrice : Alice Zeniter

Édition – Collection : L’Arche – Des écrits pour la parole

Genre : Essai

Nombre de page : 112

Date de parution : 05.03.2021

Âge : À partir de 16 ans

Prix : 12.00€

Mon avis

Je me suis récemment découvert un intérêt certain pour la non-fiction et les essais en particulier. Ça a commencé avec la magistrale Chambre à soi de Virginia Woolf, et ça a continué avec le très intéressant Féminismes et pop culture de Jennifer Padjemi.

Et même si j’avoue que ma première rencontre avec le travail et la plume d’Alice Zeniter n’avait pas été des plus réjouissante avec Comme un empire dans un empire, il y a eu comme une fulgurance lorsque ma route a croisé celle de Je suis une fille sans histoire. Je l’ai d’abord rapidement vu passer dans l’émission « C ce soir » où je trouve que « la liste de Camille » est toujours de bons conseils et d’une diversité bienvenue. À partir de là, j’ai eu l’impression de le voir partout. Et à chaque fois, j’avais cette petite voix qui me disait : « Vous êtes fait pour vous rencontrer ». Alors c’est ce que nous avons fait !

Alice Zeniter nous parle ici de la construction d’un récit – entends par là : une histoire. Qu’est-ce qui fait que tel récit est considéré comme une « bonne » histoire ? Quels sont les critères à respecter ? Pourquoi ces critères ont-ils été décrétés au départ ? Et par qui ?

C’était non seulement fichtrement intéressant, mais aussi fichtrement bien fait !

En traversant les époques et les différentes formes du récit, l’autrice parvient à faire de cet écrit, qui peut d’abord paraître fade et indigeste, une petite pépite. C’est incroyablement drôle (j’ai vraiment eu des crises en solo), bien qu’il faille tout de même avoir quelques références littéraires pour y être réceptif. Très pédagogique, grâce aux nombreux exemples très bien exploités. Vraiment accessible, avec un ton et un vocabulaire adéquats. Avec une longueur idéale (112 pages).

Malgré que la deuxième moitié du livre m’ait semblé plus spécifique et difficile d’accès.

Pour moi, il restera une référence de ma bibliothèque, que je prendrai plaisir à relire un jour !

La citation

Moi je n’ai jamais pleuré sur Anna Karénine : elle m’agace. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, c’est une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme et qui se jette sous un train. A ne pas confondre avec Madame Bovary qui est une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme et qui s’empoisonne A ne pas confondre, non plus, avec la princesse de Clèves qui est une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme et puis son mari meurt donc elle pourrait épouser l’autre homme mais non, elle entre au couvent pour mourir socialement. Clairement, pour les récits de femmes-qui-font-des-trucs, on n’est pas encore tout à fait au point…

Anna Karénine, donc, ne me fait pas pleurer. Mais la liste de personnages dont les noms pourrait remplacer le sien est bien longue. Le tout premier dont je peux me souvenir, c’est Enjolras, des Misérables, qui meurt fusillé en 1832, après avoir tenu une barricade. Je ne pas si vous voyez qui est Enjolras dans Les Misérables : c’est un des compagnons de Marius, qui est l’amoureux de Cosette, qui est la fille adoptive de Jean Valjean. Mais ce qui est important, c’est que Hugo nous dit de lui : « C’était un jeune homme charmant, capable d’être terrible. Il était angéliquement beau. » Moi, ça me suffit pour refuser qu’un personnage meure. Je suis bonne lectrice, au sens où on dit « bon public ». On m’écrit « Il était angéliquement beau« , je crie « Sauvez-le ! »

Sauve-le, Victor, je t’en prie.

C’est simple, tu peux le faire.

Jusqu’à la dernière ligne tu peux encore décider d’épargner Enjolras !

Mais non…

Victor Hugo persiste et signe et « Enjolras, traversé de huit coups de feu, resta debout contre le mur comme si les balles l’y eussent cloué. J’ai l’impression de fusiller une fleur, dit un garde national en baissant son fusil. »

Et moi, je pleure. Chaque fois, je pleure.

Alice Zeniter, Je suis une fille sans histoire

Ma note

Amandine Stuart

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