Des rêves dans la marge

Des lectures variées et des avis sincères

Jean Desportes, Braises de stars

Résumé de l’éditeur

Pour promouvoir sa grande opération « barbecue de l’été », Disli, chaîne de hard discount allemande, missionne Stephen Berger, créatif en chef de la célèbre plateforme vidéo française Mystreamy. Ce dernier conçoit une parodie d’émission de cuisine dédiée à l’art du barbecue. Ça s’appellera Braises de stars, et le casting sera « cross-media ». Des ex-stars de la télé dépressives en mal de cash, des youtubeurs immatures (dont le fils du président de la République), sans oublier un producteur psychotique totalement débordé et des clients allemands exigeants. Il y a un sacré pactole à la clé, et surtout beaucoup d’emmerdes… Stephen survivra-t-il aux six jours de tournage à Marseille ? Se remettra-t-il de son histoire d’amour avec la belle Mélody ? Et surtout, sauvera-t-il le million, son job et sa carrière ?

Une comédie de mœurs hilarante qui, par-delà la légèreté, pointe la vacuité de notre société.

Jean Desportes est directeur de création chez Canal +. Braises de stars est son premier roman.

Éditions du Rocher

FICHE TECHNIQUE

Titre Braises de Stars

Auteur : Jean Desportes

Édition – Collection : Éditions du Rocher – Littérature ; Roman français

Nombre de page : 424

Date de parution : 05.05.2021

Âge : À partir de 16 ans

Prix : 17.90€

Remarque : Je remercie vivement et chaleureusement les Éditions du Rocher pour l’envoi de ce livre. Je précise toutefois que mon avis n’en sera pas moins transparent, honnête et sincère.

Mon avis

C’est en arpentant le site de NetGalley que j’ai rencontré Braises de Stars. Le titre et le résumé m’ont attiré par l’humour qu’ils semblaient déjà dégager.

Ayant déjà eu deux expériences de lecture avec les Éditions du Rocher, l’une excellente et l’autre très décevante, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mais je me suis dit qu’après tout, si je voulais savoir il fallait que je me lance. C’est donc ce que j’ai fait.

Ne reste plus qu’à savoir si Braises de Stars tient sa promesse de l’humour et s’il constitue un atout majeur du catalogue des Éditions du Rocher. Voyons ça maintenant !

En général

Pour tout de suite entrer dans le vif du sujet, je te dirais que Braises de Stars est un bon premier roman, certes pas dénué d’erreurs, mais avec de nombreuses autres qualités à ne pas dénigrer.

Un rythme inattendu

La première partie du roman m’a surprise puisque nous passons beaucoup de temps à Paris, à faire la rencontre des personnages, voir le projet naître et se mettre en place avec tout ce que cela implique : réunions, discussions, mails, problèmes, résolutions de problèmes, embauches, plans marketing, …

Et j’avoue que je ne m’attendais pas à ça puisque le résumé de l’éditeur met l’accent sur le tournage de la web-série. J’ai donc d’abord été déstabilisée et, je l’avoue, j’ai trouvé que cette partie tirait trop en longueur et en lenteur. Mais j’ai fini par comprendre que Jean Desportes nous montrait la réalité d’un tel travail, tous les préparatifs qu’il demande et toute l’incertitude dans laquelle il plonge ceux qui s’y attèlent. Si bien que j’ai fini par me demander si le projet irait bien au bout, s’il était viable et si tout n’allait pas capoter du jour au lendemain. Mais, encore une fois, je pense que c’était le but.

La seconde partie est, quant à elle, plus vive dans le rythme et le scénario. C’était donc plus agréable !

Que les choses soient claires : Je ne dis donc pas que le rythme est à revoir, simplement qu’il est original. Je ne me suis pas du tout ennuyée lors de ma lecture !

La critique sociale derrière l’humour

Le résumé de l’éditeur indique que Braises de Stars est « hilarant ». Je n’irais peut-être pas jusque-là. Certes, j’ai souvent eu tendance à sourire. Mais plus que drôle, je dirais que ce roman est piquant, grinçant, et à la limite du burlesque. Parce que ce qui est sujet à rire est très souvent au détriment d’autres personnages, ce qui altère un peu ma bonne humeur. Après, je sais que la réaction à l’humour est quelque chose de tout à fait personnel, c’est donc assez difficile à juger. Peut-être qu’il te conviendra, peut-être pas…

Tout ça pour dire que ce qui m’a surtout marqué est la critique de notre société qui est présente derrière l’humour. La majorité des remarques drôles cache en réalité un questionnement et une mise en lumière des problèmes de notre monde. Et j’ai trouvé ça agréable et bienvenu.

Tic et Tac

Tu connais ces deux personnages qui ne vont pas l’un sans l’autre ? Parce que je trouve que Stephen et Randy les incarnent plutôt bien.

Stephen, c’est le créatif en chef, celui qui gère tout le côté « attentes et résultats » du projet, qui est chargé de le mener à bien, mais qui en réalité doit gérer tous les problèmes qui leur tombent dessus (et crois-moi, il y en a beaucoup).

Randy est le producteur de « Braises de Stars », c’est-à-dire que c’est lui qui est chargé du casting, du planning, du budget, de trouver les lieux de tournage et les hôtels pour tout le monde… Il est excentrique et prend tout à la légère, ce qui va créer monstre de problèmes qui vont devoir être réglés… par Stephen !

Il devient vite clair que ces deux-là ne seront jamais les meilleurs amis du monde (c’est l’euphémisme de l’année). En gros : Ils se détestent. Et cela va donner lieu à des situations très cocasses. Ce duo est ce qui m’a le plus fait rire lors de ma lecture. C’était bien sûr à leurs dépens puisqu’en réalité je plaignais vraiment Stephen en me demandant s’il n’allait pas faire une attaque avant la fin de l’histoire, et je voulais secouer Randy (vraiment) très fort.

Bref, ils sont tout le sel de ce roman.

Summer time

J’irais très vite sur ce point, te disant juste qu’avec le temps qu’il fait en ce moment (sérieux, où est le soleil ? on se croirait en pleines giboulées de mars !) Braises de Stars ne pourra que te faire du bien ! Entre la villa marseillaise, la piscine, le soleil, le barbecue et les grillades… On est servi avec l’ambiance estivale, pour notre plus grand plaisir !

Où sont les femmes ?

C’est le seul reproche que je ferais au roman : le traitement des personnages féminins.

Mais avant de parler de traitement, je devrais parler de présence, parce qu’effectivement je peux les compter sur les doigts d’une main, alors qu’il y a trois fois plus d’hommes dans le récit. Ainsi, ces femmes sont systématiquement traitées avec condescendance. Elles sont toujours décrites via leur physique, jamais pour leur personnalité.

Bref, il y a un manque de féminisme flagrant que j’ai vraiment trouvé dérangeant.

Cependant, lorsque j’ai exprimé ce fait dans mon avant-critique, l’auteur m’a envoyé un message privé pour expliquer ce choix. Voici ce qu’il en dit :

Je suis d’accord avec votre analyse concernant les personnages féminins. Je l’ai fait sciemment pour montrer en filigrane le machisme ambiant de cette industrie largement masculine. Et qui s’occupe aussi de faire des campagnes (souvent brillantes) contre les discriminations ou pour la parité ! On en est loin, ainsi que l’a révélé le compte balancetonagency sur insta.

Jean Desportes

Je m’étais effectivement demandé au cours de ma lecture si ce machisme n’était pas intentionnel. Cette réponse est rassurante. Bien que je me demande si une petite note de l’auteur n’aurait pas été la bienvenue au début ou à la fin du roman, histoire d’avoir une mise au clair…

En bref

En bref, Braises de Stars de Jean Desportes est un roman tout à fait sympathique qui t’entrainera dans un milieu assez peu traité en littérature, avec un certain humour et une véritable critique de notre société.

Ma note

Les 5 citations

Avant de commencer un nouveau livre qui m’intéresse j’aime aller checker quelques citations pour voir si le style d’écriture me plait. Voici donc cinq citations (toujours garanties 100% sans spoilers, évidemment !). Libre à toi de les lire ou pas, suivant si tu aimes bien savoir dans quoi tu t’engages ou si tu veux garder le total plaisir de la surprise.

Bref, on n’allait pas attendre que les clients appellent en se limant les ongles. On allait décrocher son téléphone, on allait prendre du rendez-vous annonceur, on allait montrer sa bobine chez les clients, on allait les rincer dans des gastros. Fallait pas qu’ils aient peur de faire des notes de frais si c’était ça qui les retenait ! Il voulait ses primes, Farid. Ils les voulaient tous, non ?

JEAN DESPORTES, BRAISES DE STARS

La naïveté bêtasse qu’Éloi de Trouqueville adoptait en toute circonstance avait dû plaire à ces clients allemands qui, de façon atavique, prenaient les Français pour des cons. Avec un tel aigle pour interlocuteur, ils ne risquaient pas d’être escroqués.

JEAN DESPORTES, BRAISES DE STARS

Quand la porte palière s’ouvrit pour laisser entrer Stephen et Éloi, il suffit d’un coup d’oeil à Farid pour comprendre que la partie était perdue. Stephen, livide, tirait une gueule de six pieds de long et Trouqueville… eh bien il pleurait, ma parole ! Ça ne lui était jamais arrivé en cinq ans de taule ! Merde… il avait pris ce projet trop à cœur, le bougre. Bon, c’était pas la peine d’en remettre une couche. Les pauvres, ils avaient certainement tout donné. Dans ces cas-là, il fallait faire un petit coup de Mère Teresa. Il ouvrit sa porte vitrée et se précipita au-devant d’eux.

– Bon, c’est pas grave, les gars. Je vous l’avais dit, c’était pas un doss’ pour nous.

Trouqueville, incrédule, se chargea de dissiper le malentendu.

– T’inquiète, tout s’est bien passé, j’ai juste un bout de gaufrette coincé dans la gorge.

JEAN DESPORTES, BRAISES DE STARS

Un van noir aux vitres teintées stationnait dans la cour arrière, le moteur tournant au ralenti. Qu’est-ce que c’était que ce cirque ? Pourquoi Odalie ne voulait-elle pas descendre ? demanda Stephen au producteur.

– Je ne sais pas, mon Stéphouuuu. J’ai tout essayé, lui répondit Randy qui sanglotait derrière ses lunettes noires. Maintenant, c’est à toi de lui parler. Tu es le seul à pouvoir débloquer la situation. Tu représentes le client et Mystreamy, tu auras plus de poids.

Il allait bien falloir que la star se décide à mettre un pied hors du van, se dit Stephen en s’approchant de l’aile du véhicule. On ne pouvait pas perdre une journée de tournage à cause d’une bouderie d’arrière-cour. On était sans filet. Putain de vedettes à caprices, fulminait-il intérieurement en toquant contre la vitre.

JEAN DESPORTES, BRAISES DE STARS

À bonne distance encore, on pouvait l’entendre crier avec un accent marseillais improbable, sorte de synthèse caricaturale de tous les accents du sud de la France, du Pays basque au Var en passant par la Corse :

– Jolie pitchoune, j’arrive ! Ne bouge pas, ma jolie ! Je t’apporte plein de beaux légumes, ma pitchoune !

JEAN DESPORTES, BRAISES DE STARS

Le mot de la fin

Et toi, tu aurais des lectures qui sentent bon l’été à me recommander ?

Amandine Stuart

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