Résumé de l’éditeur
Autobiographie d’un grignoteur de livres, Firmin raconte l’histoire d’un rongeur érudit qui a vu le jour dans les sous-sols d’une librairie de Scollay Square, vieux quartier en péril du Boston des années 1960. Plein d’appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres, Firmin ne peut communiquer tous ses coups de cœur ni exprimer ses détresses, et voit avec révolte se déliter sa race comme son quartier, cernés par l’incompréhension des hommes et par les mécanismes du profit. Mais la rencontre avec un romancier marginal le sauve du pessimisme ambiant. Superbe hommage aux valeurs de l’écrit et aux singularités de toutes espèces, l’aventure de Firmin est aussi un fabuleux trait d’union entre littérature, exclusion et résistance.
Fiche technique
Titre : Firmin – Autobiographie d’un grignoteur de livres
Auteur : Sam Savage
Édition – Collection : Actes Sud – Babel (n°1016)
Nombre de pages : 208
Date de parution : Juin 2010
Âge : À partir de 16 ans
Prix : 8.20€
Récompense : Grand Prix Saint-Emilion du roman étranger 2010
Remarque : J’ai lu ce livre dans le cadre de l’édition 2023 du Challenge Fais vriller ta PAL.
Mon avis
Voici (une fois n’est pas coutume) une nouvelle lecture que j’ai effectuée en Février pour le challenge Fais vriller ta PAL qui m’a permis de sortir Firmin – Autobiographie d’un grignoteur de livres des entrailles de ma bibliothèque. J’ai reçu ce livre il y a 8 ans (oui, j’ai honte) de la part de ma prof de français de Seconde qui avait eu cette délicate attention alors que je m’apprêtais à vivre une épreuve difficile de ma vie. Et si son geste m’a énormément touchée… J’avoue ne jamais avoir été plus loin. Peut-être parce que c’était une prof et que j’ai donc bêtement associé ce livre à un classique ennuyeux. Quoi qu’il en soit, je n’y ai jamais touché, jusqu’à ce que je doive constituer ma PAL pour le challenge et que je (re)lise le résumé de Firmin… Qui m’a tout de suite tapé dans l’œil ! Il n’a donc pas tardé à être -enfin !- lu.
Et j’ai très vite compris que j’avais été vraiment idiote de ne pas avoir laissé plus tôt sa chance à Firmin. Parce que je revois encore cette gentille dame me remettre le livre entre les mains, en plein milieu de la cantine, en me glissant “tu verras, ça va te plaire”. Et oui, en effet, ça m’a plu. Beaucoup même.
Une idée intrigante…
Nous rencontrons Firmin, un rat né dans les entrailles d’une vieille librairie d’un quartier mal famé de Boston. C’est là qu’il va découvrir les livres, leurs goûts et leurs saveurs, leurs textures et leurs odeurs. Et très rapidement, Firmin va commencer à dévorer nos chers bouquins. Littéralement d’abord. Littérairement ensuite. Il va apprendre à lire et ainsi appréhender toute la richesse que recèlent les mots. Rapidement, ce rat rachitique devient un érudit qui nous partage ses rêves, ses réflexions, sa solitude et ses désillusions – mais aussi son quotidien au sein de la librairie et de son quartier qu’il voit changer et s’écrouler sans pouvoir rien y faire.
…Pour un résultat à la hauteur !
Ce court roman recèle une richesse folle. C’est une véritable ode à la littérature et à la lecture qui nous fait voyager dans des contrées inconnues, nous éduque, nous élève, nous dégoûte, nous indiffère ou nous émerveille. Firmin est bourré de références et de citations à des œuvres majeures, que je n’ai souvent pas lues mais qui m’intriguent depuis. C’est poétique, mais pas seulement. Parce que Sam Savage joue avec les niveaux de langue en fonction de l’humeur de son personnage, de sorte que Firmin est à la fois drôle, noir, piquant, crû, romantique… Et souvent désabusé. Parce que Firmin a beaucoup de mal à vivre avec sa condition de rat qui l’éloigne inexorablement de celle des humains qu’il partage dans son âme mais qu’il ne fait en réalité qu’effleurer du bout des doigts. Alors oui, Firmin est un roman sombre qui traduit aussi toutes les facettes de l’humanité – souvent plus moches qu’autre chose.
Tout cela est marqué par la plume exigeante de Sam Savage, qui est certes belle, mais qui demande d’être concentré sur la lecture – de sorte qu’il m’était assez difficile de lire pendant très longtemps, j’avais besoin de faire des pauses pour pouvoir m’aérer un peu le cerveau. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose puisque ça a rendu Firmin encore plus qualitatif à mes yeux. J’ai aussi beaucoup apprécié que certains passages du livre soient illustrés par Fernando Krahn, qui a aussi dessiné la couverture, ce qui créait de petites bulles de fraîcheur et de surprises vraiment bienvenues.
En bref
En bref, Firmin – Autobiographie d’un grignoteur de livres de Sam Savage fait partie de mes meilleures lectures de Février. Il restera longtemps dans ma mémoire parce qu’il représente une véritable déclaration d’amour à la littérature – tout en faisant une critique subtile de l’humanité et de la société qu’elle a mise en place. Tout cela étant sublimé par une écriture exigeante mais agréable, ainsi que par des illustrations qui viennent ponctuer le récit pour de véritables moments de contemplation. Une lecture que je te recommande chaudement !
Ma note
La citation
De plus, il n’est pas nécessaire de croire aux histoires pour les aimer. J’aime toutes les histoires. J’aime l’idée de progression, de début, de milieu et de fin. J’aime la lente accumulation d’éléments de compréhension, les paysages brumeux de l’imaginaire, les promenades labyrinthiques, les pentes boisées, les étangs réfléchissants, les revirements tragiques et les quiproquos comiques. La seule littérature que je hais de toute mon âme est la littérature consacrée aux rats, souris comprises. Je méprise ce brave vieux Ratty dans Du vent dans les saules. Je pisse à la raie de Mickey Mouse et de Stuart Little. Si affables, si mignons avec leurs petites pattes, ils me restent en travers de la gorge comme de grosses arêtes de poisson.
Sam Savage, Firmin – Autobiographie d’un grignoteur de livres
Le mot de la fin
Et voilà une chouette idée de lecture pour les jours à venir !
Tu connais Firmin de Sam Savage ?
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
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