Résumé de Quand tu écouteras cette chanson
“Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.
Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.”
L. L.
Fiche technique
Titre : Quand tu écouteras cette chanson
Autrice : Lola Lafon
Édition – Collection : Stock – Ma nuit au musée
Genre : Non-fiction
Nombre de pages : 180
Date de parution : 17.08.2022
Âge : À partir de 16 ans
Prix : 19.50€
Récompenses : Prix Décembre 2022 – Prix Les Inrockuptibles 2022
Remarque : J’ai découvert ce livre dans sa version audio, lue par Irène Jacob.
Mon avis sur Quand tu écouteras cette chanson
J’ose avouer (un peu honteusement) que je n’ai jamais lu le Journal d’Anne Frank, l’œuvre n’étant jamais tombée au programme de lecture au cours de ma scolarité et n’ayant par la suite pas eu le réflexe de le découvrir via une lecture personnelle.
Et, d’un certain côté, je pense qu’il m’aura été bénéfique de lire le récit de Lola Lafon avant celui d’Anne Frank. Car, quand je m’y plongerai enfin (ce qui ne saurait tarder maintenant), j’aurais toutes les clés en main pour appréhender l’œuvre dans son entièreté et pour ce qu’elle est vraiment.
Mais revenons au commencement.
Une nuit au musée
Lola Lafon a passé une nuit seule, en août 2021, dans l’annexe du musée Anne Frank à Amsterdam, là où la famille Frank et leurs amis sont restés cachés deux ans dans une quarantaine de mètres carrés pour échapper à la déportation.
L’autrice nous raconte sa démarche (dont les raisons semblent lui échapper) et son expérience dans cette nuit si particulière. Mais Quand tu écouteras cette chanson n’est pas seulement le récit chronologique de ses ressentis au fur et à mesure de l’avancée de la nuit, puisque cette immersion dans l’annexe va aussi et surtout être le catalyseur et le déclencheur de souvenirs enfouis et de non-dits familiaux qui vont remonter à la surface de la mémoire de Lola Lafon.
Une famille qui a dû fuir l’est dans l’espoir de trouver refuge en France, où le nazisme les a tout de même rattrapés. Une famille qui, depuis, tente de composer avec cet héritage, ces fantômes et ces traumatismes qui semblent se transmettre aussi sûrement que s’ils étaient inscrits dans leur code génétique.
Mais ce serait injuste de résumer Quand tu écouteras cette chanson “uniquement” à cela. Parce que Lola Lafon balaie en réalité beaucoup de sujets et part dans un grand nombre de directions, au point que l’on peut penser qu’elle s’éparpille un peu, mais qui trace en réalité une toile dont la vue d’ensemble nous apparaît dans les dernières pages du récit.
“On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.”
Anne Frank et son Journal sont bien sûr les points centraux et les dénominateurs communs de ses réflexions. Et bon sang, je ne pensais pas en apprendre autant à leur propos, mais ce que j’ai découvert m’a marquée pour longtemps.
Savais-tu qu’Anne Frank avait réécrit des passages de son Journal dans l’idée de le faire publier après la guerre ?
Savais-tu qu’il n’y a pas une édition du Journal dans le monde qui n’ait pas été censuré – parce que la jeune fille y évoquait ses règles, ou bien parce que certains passages étaient jugés trop “durs”, trop critique avec les nazis, trop “tristes” ?
Savais-tu que le Journal a été adapté en pièce de théâtre peu après la guerre, mais qu’il a été transformé en une comédie joyeuse et romantique (qui n’avait donc plus rien à voir avec l’œuvre de départ) de peur de heurter la sensibilité des spectateurs ?
Et ce ne sont là que des exemples parmi tant d’autres.
Lola Lafon les dénonce, bien évidemment, parce que tous ces actes reviennent à renier l’une des phrases les plus célèbres d’Anne Frank : “On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.” Parce que c’est maintenant à nous de perpétrer le devoir de mémoire.
Quand tu écouteras cette chanson, un récit qui rend humble
Tu l’auras certainement compris, Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon est un récit profondément intime qui plonge au cœur de la noirceur humaine. Ce récit rend humble. Avec aucune sorte de prétention ou d’esprit moralisateur dans le ton, Lola Lafon livre un écrit à fleur de peau qui révèle des failles avec une authenticité remarquable. Authenticité qui s’exprime encore plus par la voix d’Irène Jacob, narratrice de la version audio, qui semble avoir été taillée spécifiquement pour ce livre. À lire absolument !
Et l’on ne peut qu’être encore plus bouleversé lorsque l’on atteint les dernières pages qui donnent toute leur signification au titre de Quand tu écouteras cette chanson, un morceau que je n’écouterai plus jamais de la même manière : I Started A Joke des Bee Gees. Je te laisse donc sur cette note musicale qui restitue désormais toute l’âme de ce récit dans mon cœur :
En bref
En bref, Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon est un récit bouleversant et nécessaire où l’autrice creuse au plus profond d’elle-même et des heures sombres de l’Histoire pour nous offrir un livre universel. Il est un rappel à ne pas oublier.
Ma note
La citation de Quand tu écouteras cette chanson
Anne n’œuvrait pas pour la paix. Elle gagnait du temps sur la mort en écrivant sa vie. N’oubliez pas ceci, insiste Laureen Nussbaum : Anne Frank désirait être lue, pas vénérée. Hannah Arendt qualifiait l’adoration dont elle est l’objet de “sentimentalisme bon marché aux dépens d’une immense catastrophe”… Elle n’est pas une sainte. Pas un symbole. Son Journal est l’œuvre d’une jeune fille victime d’un génocide, perpétré dans l’indifférence absolue de tous ceux qui savaient. N’utilisez pas le mot espoir, s’il vous plaît.
Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson
Le mot de la fin
Il y a des récits faits pour marquer. Lola Lafon semble en être une habituée puisqu’elle est également l’autrice de Chavirer que j’ai découvert en fin d’année 2020 en tant que jurée du Prix du Roman des Étudiants. C’est un vrai roman coup de poing, ce qui lui a d’ailleurs permis de remporter la première place. Je te le recommande donc chaleureusement si tu souhaites découvrir Lola Lafon dans un récit de fiction.
Tu as déjà entendu parler de ce récit qui fait grand bruit depuis sa sortie ? Il te fait envie ?
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
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