Des rêves dans la marge

Des lectures variées et des avis sincères

Naomi Novik, La Fileuse d’Argent

Résumé de l’éditeur

Petite-fille et fille de prêteur, Miryem ne peut que constater l’échec de son père. Généreux avec ses clients mais réticent à leur réclamer son dû, il a dilapidé la dot de sa femme et mis la famille au bord de la faillite… jusqu’à ce que Miryem reprenne les choses en main. Endurcissant son cœur, elle parvient à récupérer leur capital et acquiert rapidement la réputation de pouvoir transformer l’argent en or.

Mais, lorsque son talent attire l’attention du roi des Staryk – un peuple redoutable voisin de leur village -, le destin de la jeune femme bascule. Obligée de relever les défis du roi, elle découvre bientôt un secret qui pourrait tous les mettre en péril…

Éditions Pygmalion

Fiche technique

Titre : La Fileuse d’Argent

Autrice : Naomi Novik

Édition – Collection : Pygmalion – Imaginaire

Nombre de pages : 496

Date de parution : 22.01.2020

Âge : À partir de 16 ans

Prix : 21.90€

Récompense : Prix Locus 2019 – Finaliste des Prix Hugo et Nebula 2019

Remarque : J’ai découvert ce livre dans sa version audio, lue par Marie du Bled, Aaricia Dubois et Sophie Pyronnet – avec la participation de David Macaluso, Nathalie Hons et Aurélien Ringelheim.

Mon avis

Voici mon dernier coup de cœur de 2022. Et ce n’est pas n’importe quel coup de cœur puisqu’il est signé Naomi Novik, l’autrice de Déracinée, autre roman qui m’avait beaucoup marquée et auquel je repense encore souvent.

J’ai longtemps reculé ma lecture de La Fileuse d’Argent, et ce pour des raisons que je ne saurais pas vraiment expliquer mais qui sont toutes très superficielles (un résumé qui ne m’interpellait pas, une couverture poche que je n’aimais pas, un feeling qui ne passait pas). Mais, cherchant une lecture adaptée à la période hivernale, et celui-ci remplissant à 100% les critères, j’ai fini par me lancer dans ce roman via sa version audio.

Et Naomi Novik a encore une fois révélé son talent. J’ai adoré La Fileuse d’Argent.

Des femmes aux destins croisés

Ce qu’il faut savoir sur ce roman, c’est qu’il nous conte l’histoire de trois jeunes femmes (Miryem, Wanda et Irina) qui viennent toutes d’un milieu social très différent mais qui vont être amenées à combattre des forces similaires. Wanda et Irina (ainsi que quelques autres personnages) viendront rapidement apporter leur contribution au récit, bien que nous nous concentrions d’abord exclusivement sur l’histoire de Miryem. Moi qui ai d’habitude du mal avec les romans aux multiples points de vue (six ici), j’ai trouvé que ce procédé apportait une véritable valeur ajoutée à cette histoire – notamment parce qu’il croise les destins et tricote un motif qui ne nous apparaît qu’à la fin pour nous éblouir et révéler quelque chose que nous étions loin de soupçonner.

Tu l’auras compris : Le féminisme à une place primordiale dans ce roman où les hommes disposent des femmes à leur guise et où s’affirmer relève pour elles d’une véritable prise de risques. Pourtant, ces trois personnages disposent d’une force de caractère incroyable qui fait que l’on ne se lasse pas de les suivre et que l’on s’implique véritablement dans leurs aventures. J’ai adoré le fait que Naomi Novik parvienne à créer ce jeu de miroirs pour mettre en lumière la sororité, les ressemblances et les différences dans les vies de nos héroïnes – mais aussi pour instaurer des arcs narratifs qu’il est difficile de voir venir mais que j’ai trouvés excellents.

Une nature mystérieuse

Comme je l’avais pressenti, ce livre convient parfaitement à la saison hivernale puisqu’il est lui-même empli de froid et de glace dans un univers où la neige s’éternise et ne cesse de tomber. Ce qui m’amène au second thème principal de La Fileuse d’Argent : L’Écologie. Comme dans Déracinée, Naomi Novik a à cœur de placer l’environnement et le respect de la nature au centre de son récit – qui de son propre aveu s’inspire des contes et du folklore russe, ce que j’ai vraiment ressenti dans son ambiance et me semble important dans la réception du roman. Toute la partie surnaturelle, qui est par ailleurs très bien menée, y est pour beaucoup puisqu’elle révèle bien plus qu’un peu de magie – elle est aussi l’objet de messages et de métaphores importants.

Je ne peux pas t’en dire beaucoup plus puisque c’est vraiment une part importante du roman et que je ne veux surtout pas te spoiler. Mais sache que si j’ai mis un certain temps à voir où l’autrice voulait en venir (ce qui était voulu je pense, elle fait exprès de nous mener par le bout du nez pour nous soyons encore plus époustouflés au moment des révélations) et qu’une fois que les choses se sont mises en place je n’ai pu qu’applaudir.

Des limites mal définies

Parce que, vraiment, l’autrice est douée pour jouer avec son monde. Tout n’est que secret et suppositions, ce qu’on nous dit ne doit pas forcément être perçu au pied de la lettre puisqu’il se pourrait bien que les statuts des personnages soient redéfinis à tout moment. Qui sont vraiment les méchants ? Et si les méchants ne sont plus si méchants, que deviennent les gentils ? À moins que les frontières entre le bien et le mal soient totalement floutées au point qu’il devienne impossible de distinguer l’un de l’autre ?… Enfin voilà, c’est un régal à la lecture puisque nous devons sans cesse rester sur nos gardes.

En bref

En bref, La Fileuse d’Argent de Naomi Novik fut un gros coup de cœur qui a magnifiquement clos mon année 2022. Je te recommande vivement ce roman qui ne pourra que te séduire grâce à son trio d’héroïnes fortes aux destins croisés qui placent le féminisme au premier plan, une dimension écologique primordiale et des apparences parfois trompeuses.

Ma note

La citation

Alors qu’elle laissait ses bras retomber le long de son corps et qu’elle se retournait, nos regards se sont croisés : nous n’avons pas prononcé un mot, mais l’espace d’un instant nous étions comme des sœurs, dont les vies étaient pareillement régies par d’autres. Elle n’avait probablement pas plus le choix que moi dans cette histoire.

Naomi Novik, La Fileuse d’Argent

Le mot de la fin

Et voilà, c’est tout pour la dernière chronique de la semaine ! J’espère sincèrement qu’elle t’aura donné envie de te tourner vers La Fileuse d’Argent – ou même un autre récit de Naomi Novik !

Tu connais cette autrice ? Tu as déjà découvert une de ses histoires ?

À bientôt pour un nouvel article !

Amandine Stuart

4.9/5 - (9 votes)

Au Suivant Poste

Précedent Poste

Poster un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

© 2024 Des rêves dans la marge

Thème par Anders Norén