Des rêves dans la marge

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Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard

Résumé de l’éditeur

Deux fiancés, Silvia et Dorante, qui ne se connaissent pas, mais sont promis l’un à l’autre par leurs pères, décident, chacun en secret, de prendre la place de leurs domestiques afin de pouvoir observer à leur guise l’être à qui on les destine.

Dans cette pièce de 1730, Marivaux est au sommet de son art : il met en œuvre une brillante construction, toute en symétries et en quiproquos, et un double jeu de masques.

Le sourire au bord de la cruauté et le triomphe de l’amour expriment la quintessence du plaisir théâtral.

Éditions Folio

Fiche technique

Titre Le Jeu de l’amour et du hasard

Auteur : Marivaux

Édition – Collection : Folio – Folio théâtre (n°9)

Genre : Théâtre

Nombre de pages : 192

Date de parution : 15.03.1994

Âge : À partir de 14 ans

Prix : 2.70€

Remarque : J’ai lu ce livre dans le cadre de l’édition 2023 du Challenge Fais vriller ta PAL.

Mon avis

On se retrouve aujourd’hui pour parler (encore une fois) d’une lecture que j’ai effectuée en Février pour le challenge Fais vriller ta PAL. Il s’agit cette fois-ci d’une pièce de théâtre très connue, que l’on étudie souvent au cours de notre scolarité mais que je n’avais personnellement pas encore eu l’occasion de croiser : Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux.

Engagement

Le principe de la pièce est assez simple : Deux jeunes gens de l’aristocratie sont destinés à se marier sans se connaître. Ils vont donc décider, sans se concerter, de prendre la place de leurs domestiques respectifs pour pouvoir observer le vrai visage de leur promis. Les maîtres deviennent donc les domestiques – et les domestiques deviennent les maîtres.

C’est ce speech de départ qui m’a intriguée, puisque ce n’est pas quelque chose que l’on lit souvent, surtout pour une œuvre du début du XVIIIe siècle. Marivaux remet ainsi en question la notion de place dans la société et de notre rang induit par la naissance – tout en mettant en lumière l’impossibilité d’un amour entre deux personnes de différentes classes sociales, mais aussi un certain féminisme. C’est important, et je dois dire que c’est plutôt réussi de la part de l’auteur.

Ça, c’était pour le côté objectif de mon avis.

Ce qui prédomine

Maintenant, si je considère les choses d’un point de vue purement émotionnel et sensoriel, je ne garderai clairement pas un très bon souvenir de ma lecture.

J’ai toujours eu du mal avec les histoires basées sur des quiproquos, parce qu’elles suivent toujours le même schéma et que le dénouement est connu d’avance. Évidemment que les domestiques (qui se font passer pour les maîtres) vont tomber amoureux et que les maîtres (qui se font passer pour les domestiques) vont avoir un coup de foudre, mais que chacun va penser que c’est un amour impossible puisqu’ils ne savent pas que la personne en face d’eux est en réalité de la même condition sociale qu’eux. Il faut juste que quelqu’un trouve le courage de dénouer sa langue pour que toute la situation s’arrange. Mais c’est long. Et ça tourne autour du pot. Encore et encore. D’autant plus que l’entourage du quatuor, qui est au courant de toute la supercherie, s’amuse à les mettre encore plus dans l’embarras au lieu de les aider…

Bref, ça va bien cinq minutes. Pour moi la pièce est beaucoup trop longue. Donc autant dire que j’ai poussé un gros “ouf !” quand j’ai tourné la page et que j’ai vu la “scène finale” arriver !

Peut-être que tu me trouves trop sévère dans ma critique, mais c’est pourtant exactement ce que j’ai ressenti.

En bref

En bref, je reconnais bien volontiers le modernisme et l’importance d’une pièce telle que Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux qui a écrit une œuvre engagée primordiale pour le début du XVIIIe siècle. Mais je regrette toutefois le schéma narratif convenu et attendu qui annule toute surprise, ainsi que la longueur de la pièce qui ne fait pour moi que tourner autour du pot et répéter les mêmes choses encore et encore.

Ma note

La citation

SILVIA. Tu ne sais pas ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu’un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu’on ne pense. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l’esprit ? n’en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? C’est la douceur, la raison, l’enjouement même, il n’y a pas jusqu’à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu’on leur trouve. Monsieur un tel a l’air d’un galant homme, d’un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d’Ergaste : Aussi l’est-il, répondait-on ; je l’ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d’un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d’heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l’effroi de toute une maison. Ergaste s’est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu’il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n’est qu’un masque qu’il prend au sortir de chez lui.

LISETTE. Quel fantasque avec ses deux visages !

SILVIA. N’est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien, chez lui, c’est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni ne gronde ; c’est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n’a point de commerce avec elle, elle n’est mariée qu’avec une figure qui sort d’un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d’ennui, tout ce qui l’environne. N’est-ce pas là un mari bien amusant ?

LISETTE. Je gèle au récit que vous m’en faites ; mais Tersandre, par exemple ?

SILVIA. Oui, Tersandre ! Il venait l’autre jour de s’emporter contre sa femme ; j’arrive, on m’annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d’un air serein, dégagé, vous auriez dit qu’il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore. Le fourbe ! Voilà ce que c’est que les hommes. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d’en être une copie. Elle me fait pitié. Lisette ; si j’allais te faire pitié aussi : cela est terrible, qu’en dis-tu ? Songe à ce que c’est qu’un mari.

Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard

Le mot de la fin

Et voilà une petite chronique (un peu incendiaire, sorry) pour marquer ce milieu de semaine très chargée de mon côté. Je ne préfère pas m’engager à en publier une autre samedi, ne sachant pas vraiment comment je vais réussir à organiser mon temps dans les jours qui viennent. Mais on se retrouve quoi qu’il en soit demain pour le traditionnel Throwback Thursday Livresque et vendredi sur Instagram et Facebook pour découvrir la citation de la semaine !

Tu as lu Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux au cours de ta scolarité ?

À bientôt pour un nouvel article !

Amandine Stuart

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