Résumé du Mystère de la femme sans tête
“Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse.”
Qui est cette femme-enfant au regard frondeur ? Jeune Russe exilée en Belgique, Marina Chafroff fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942.
Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire. Elle est pourtant tombée dans l’oubli. Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires ?
Au fil d’un récit aux résonances intimes, plein de coïncidences et d’impasses, Myriam Leroy ressuscite le destin fulgurant d’une météorite dans le ciel de la Seconde Guerre mondiale.
Un roman intense et habité où 1942 et 2022 se superposent en deux calques troublants reléguant toujours les femmes à l’arrière-plan.
Myriam Leroy, née en 1982, est journaliste, écrivaine et dramaturge. Elle vit à Bruxelles. Le Mystère de la femme sans tête est son troisième roman, après Ariane (Don Quichotte, 2018, finaliste du prix Goncourt du premier roman) et Les Yeux rouges (Seuil, 2019).
Fiche technique
Titre : Le Mystère de la femme sans tête
Autrice : Myriam Leroy
Édition – Collection : Seuil – Cadre Rouge
Nombre de pages : 288
Date de parution : 06.01.2023
Âge : À partir de 15 ans
Prix : 19.50€
Remarque : J’ai lu ce livre dans le cadre de l’édition 2023 du Pumpkin Autumn Challenge.
Mon avis sur Le Mystère de la femme sans tête
Mes lectures pour le Pumpkin Autumn Challenge se poursuivent doucement mais sûrement avec Le Mystère de la femme sans tête de Myriam Leroy, un roman qui se tient en-dehors de mes standards de lecture habituels mais qui me faisait curieusement envie depuis plusieurs mois déjà.
Les fondations du Mystère de la femme sans tête
Dans Le Mystère de la femme sans tête, l’autrice nous raconte comment elle a fait la rencontre fortuite de Marina Chafroff. D’abord avec sa tombe, qui indique qu’elle est morte décapitée durant la seconde guerre mondiale. Puis avec son histoire, celle d’une héroïne de la résistance -ayant poignardé deux officiers allemands durant l’Occupation belge- oubliée de tous, qu’elle a tenté de retracer, de comprendre et de remettre en lumière. Ce roman (qui est bien un roman, se basant simplement sur des faits réels) se tient donc à la frontière entre un récit d’enquête, historique et de fiction.
Et même si je salue le travail fournit pour ce livre, je dois avouer que Le Mystère de la femme sans tête ne m’a pas autant marquée que ce que j’avais espéré – loin de là. Pourtant, les destins d’héroïnes oubliées m’ont toujours plu… Mais quelque chose a fait que la magie n’a pas opéré ici.
Marina, une héroïne qui reste dans l’ombre
Peut-être est-ce qu’après presque 300 pages que compte le livre, je ne suis toujours pas parvenue à m’attacher à Marina et encore moins à la comprendre. Même après tous les témoignages, les documents et autres photos réunis par l’autrice, cette femme morte il y a plus de 80 ans reste un mystère total. Il n’y a pas de véritables réponses aux questions que l’on se pose – on ne peut que faire des hypothèses plus ou moins crédibles et plausibles, qui se rapprochent peut-être de la vérité, ou peut-être pas. On ne le saura jamais.
Je crois finalement que Marina est restée une figure étrangère à mes yeux, que je ne suis pas parvenue à saisir. Je n’ai pas réussi à compatir pleinement à son sort, sachant qu’elle aurait pu, et cela à plusieurs reprises, emprunter une autre voie que celle que nous connaissons. L’autrice pose ainsi Marina en martyr tout au long du récit, alors que je ne trouve pas que ce terme soit pleinement justifié.
Mais peut-être que mon manque de réceptivité vient aussi de tout l’aspect historique du Mystère de la femme sans tête, étant un genre avec lequel j’ai toujours eu du mal. Il est notamment beaucoup question de politique dans les convictions de Marina (qui auraient pu influencer son geste), en particulier avec les partisans communistes russes de l’époque – sujet dont je ne suis vraiment pas spécialiste, et qui m’a donc un peu perdue parfois.
Le Mystère de la femme sans tête, une enquête pleine d’humanité
Je reconnais en revanche volontiers l’intérêt du Mystère de la femme sans tête qui dévoile un véritable travail d’enquête auprès des personnes ayant connu Marina et son entourage, de l’administration, des archives, etc… Et ce qui m’a finalement le plus marquée est sans aucun doute de voir, 80 ans après, à quel point le sujet est toujours aussi sensible après de la famille de Marina (en particulier son fils cadet, toujours en vie) qui elle non plus n’a jamais connu la vérité sur les agissements et les raisons de l’acte de Marina, et s’est construite sur ce passé qui résonne encore aujourd’hui difficilement à leurs oreilles. C’est humainement très fort en émotions.
Et de ce point de vue, bien évidemment que Le Mystère de la femme sans tête est un roman nécessaire parce que l’histoire de Marina mérite d’être lue, entendue et connue. C’est simplement qu’elle n’a pas su m’atteindre à la hauteur de ce que j’avais espéré.
En bref
En bref, Le Mystère de la femme sans tête de Myriam Leroy est un roman à la nécessité certaine mais qui n’aura toutefois pas réussi à me convaincre totalement. Marina est restée, tout au long de ma lecture, une figure étrangère à mes yeux, que je ne suis pas parvenue à comprendre. Le contexte historique ne m’a certainement pas plus aidée à entrer dans cette histoire… Dont je salue pourtant volontiers le titanesque travail d’enquête que l’autrice a dû fournir pour offrir cette histoire et ce destin de femme aux lecteurs d’aujourd’hui, qui ne pourront d’ailleurs qu’être frappés par les résonances que le passé a encore sur le présent, pour des moments humainement très forts en émotions.
Ma note
La citation du Mystère de la femme sans tête
La probabilité que chacune de tes conversations te mène à Marina paraît s’approcher de 1, ce qui finit d’insinuer en toi la conviction que tu as été élue, que Marina elle-même voudrait que tu la racontes. Les gens autour de toi, ça les fait gentiment sourire. On trouve toujours des hasards quand on en cherche. Tu persistes : tes proches savent tout de même que tu es peu encline à voir autre chose que des accidents dans les coïncidences, que les emballements mystiques, ce n’est pas ton genre. Ça ne les empêche pas de te regarder, attendris, avec l’air de te trouver une amusante petite lubie.
Mais ce matin, en cherchant d’éventuels descendants de Marina à rencontrer, tu parcours un site d’arbres généalogiques auquel tu es inscrite depuis que tu fais des recherches sur ta propre ascendance, et tu inspectes la fiche des sœurs de Marina, parmi lesquelles une Tamara apparaissant sous son nom de femme mariée. Le patronyme t’est familier : c’est le même que cette fille, Charlotte, cette amie d’adolescence avec laquelle le contact s’est effiloché à l’âge adulte. Tu ne t’étais jamais dit que Charlotte pouvait être russe. Vous n’en aviez jamais parlé. À l’époque, tu trouvais qu’elle avait un nom joli, un nom de vodka, c’est tout.
Puisque tu penses à elle, tu lui envoies un texto pour le lui faire savoir, pour lui dire Coucou Charlotte, à la faveur de ce hasard.
Et Charlotte t’appelle, dans la minute, en reniflant, d’une voix ressuscitant l’été de tes 18 ans : Tamara, feu sa petite grand-mère, son adorable babouchka, celle qui lui a donné son deuxième prénom, était bien la sœur aînée de Marina. Charlotte ne dispose que de rares connaissances sur sa grand-tante, mais elle a été élevée dans le ressassement de son souvenir. Elle te jure qu’elle sent, qu’elle est certaine que tout ça est écrit, qu’il y a une raison pour laquelle Marina s’est invitée dans ta vie, que Marina t’a désignée. Et tu la crois. Bien sûr que tu la crois.
Myriam Leroy, Le Mystère de la femme sans tête
Le mot de la fin
Si l’on peut dire que cette lecture n’a pas été mémorable, elle m’aura au moins permis de sortir de ma zone de confort, d’étendre mes connaissances et de faire la rencontre avec une femme du siècle dernier au destin oublié. Et ça, ce n’est quand même pas rien.
Tu avais déjà entendu parler de Marina Chafroff avant de lire cette chronique ?
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
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