Résumé du Ciel Ouvert
Ces textes sont nés parce qu’il fallait bien écrire ce qui vient, au jour le jour, les gens, les livres, l’amour et son contraire, et puis les trains, les rencontres, l’effroi des dimanches, le grand émerveillement horizontal de nos étés, le gâchis et le désir possible, tout ce qui pendant des années exigeait des mots et a trouvé sa place sur Instagram, par bribes, par petites touches compactes, jusqu’à devenir cette histoire qui est toujours déjà commencée. Ici la solitude dans une chambre d’hôtel, là une voyageuse qui va au-devant de l’immensité de sa vie, le tapage des bars et leur petit peuple d’orpailleurs, et puis la mer, les villes entrevues, les commencements et le bonheur intenable, les saisons, les draps froissés, les gueules de bois, l’attente, l’épreuve des corps, l’enfance et toujours ce temps qui fait défaut, notre besoin qui crève le ciel et ce seul mot d’ordre qui court de phrase en phrase : “Accroche-toi, surtout ne cède rien de ta joie.”
À l’orée des grands incendies, nous aurons au moins eu ça, la bière, le sel et la pénombre d’une chambre où l’on marche pieds nus, nos veilles aux yeux plissés et le petit matin à trente-deux degrés déjà, les draps qui claquent dans le vent dehors et le bleu de la mer, nos engueulades et la catastrophe de tes reins. C’est assez de souvenirs pour dix romans et nos deux vies.
Fiche technique
Titre : Le Ciel Ouvert
Auteur : Nicolas Mathieu
Illustratrice : Aline Zalko
Édition – Collection : Actes Sud – Domaine français
Genre : Micro-nouvelles / Poésie
Nombre de pages : 128
Date de parution : 07.02.2024
Âge : À partir de 18 ans
Formats & Prix : Papier : 18.50€ • Ebook : 13.99€ • Audio : 17.99€ (ou un crédit)
Mon avis sur Le Ciel Ouvert
Si le nom de l’auteur résonne comme une musique connue à tes oreilles, c’est bien normal : il a remporté le Prix Goncourt en 2018 avec son roman Leurs enfants après eux, que je n’ai pas lu mais dont j’ai entendu beaucoup de bien.
Alors, j’avoue que ma curiosité a été piquée lorsque je suis tombée sur cette nouvelle parution de Nicolas Mathieu qui met en recueil un certain nombre de courts textes (que l’on peut voir comme des micro-nouvelles ou des poèmes en prose) qu’il a publié sur ses réseaux sociaux au fil des années. J’ai pensé que ça pourrait être un moyen efficace et accessible de me confronter à son style et sa plume, d’autant que je suis habituellement plutôt friande de ce format littéraire.
Mais autant dire que j’ai très vite déchanté.
Une grosse déception pour Le Ciel Ouvert
Le Ciel Ouvert est divisé en deux parties : une première qui retrace une relation amoureuse adultérine (et donc secrète) de plusieurs années, et une seconde qui traite de la paternité.
Et autant dire que toute la première partie m’a laissée pour le moins dubitative. Certes, cet amour était passionné – mais il était surtout assez malsain. Nicolas Mathieu semble obsédé par “le cul” de toutes les femmes et jeunes filles qu’il croise, si bien que le terme est répété dans quasiment tous les textes du début du Ciel Ouvert. C’est donc vite devenu lourd, d’autant quand on y ajoute d’autres occurrences du même genre – dans un vocabulaire cru voire carrément vulgaire. Je me suis parfois sentie mal à l’aise face à cette lecture, qui tourne énormément autour de la dimension physique de la relation que Nicolas Mathieu entretient avec cette femme et de son caractère autodestructeur. Ce ne sont pas nécessairement des thématiques rebutantes en ce qui me concerne, mais je n’ai définitivement pas pu accrocher à ce style sans grâce, provocant et à la limite du crade.
Pourtant, il est clair que l’auteur sait écrire (et heureusement pour le Goncourt !) mais j’ai senti quelque chose de très poussif dans sa plume que j’ai trouvée trop alambiquée et érudite, à la limite de l’arrogance. Certains textes étaient objectivement beaux, mais aucun n’a réussi à me toucher en profondeur. Je suis finalement restée très hermétique face au Ciel Ouvert, ce que je ne peux que regretter.
Heureusement que la seconde partie est venue adoucir un peu mon avis général sur Le Ciel Ouvert. Nicolas Mathieu y développe en effet sa vision de la paternité, sa relation avec son fils qui le ramène à son enfance et au lien qu’il entretient avec son propre père. Ces textes m’ont beaucoup plus séduite (bien que loin d’être au point de m’extasier) parce qu’ils arrivaient à mon sens à capturer quelques sentiments touchants et universels. Et pourtant, même dans ces textes-ci, j’ai eu l’impression que Nicolas Mathieu était un quarantenaire dépressif qui ne parvenait pas à voir le positif dans la vie… Mais bon, j’aurai au moins eu le mérite de terminer ma lecture du Ciel Ouvert sur une meilleure note que celle sur laquelle je l’ai commencé.
Et un dernier bon point pour finir : j’ai adoré les illustrations d’Aline Zalko qui parsèment Le Ciel Ouvert grâce à son style graphique réaliste, coloré, enflammé et électrique… Une très belle découverte que je n’aurais certainement pas eu la chance de faire si je n’avais pas lu ce livre (oui, je m’efforce de voir le verre à moitié plein) !
En bref
En bref, Le Ciel Ouvert de Nicolas Mathieu fut une véritable déception. Le point de vue de l’auteur fut souvent malaisant à suivre, notamment à cause de son vocabulaire cru voire vulgaire et à son style trop provocant. Heureusement que les sujets traités dans la deuxième partie du livre sont venus rattraper un peu tout ça, tout comme les très belles illustrations d’Aline Zalko qui parsèment l’ouvrage.
Ma note
La citation du Ciel Ouvert
Je me souviens des après-midi d’après la bibliothèque, quand je rentrais, le sac lourd de bandes dessinées, de petits romans à la tranche verte et que ma chambre devenait un vaisseau, un navire, une plaine ou un désert. Je te regarde et j’envie ton sérieux, les mondes qui vont et viennent dans ta tête, ce calme douillet où tu déplies tes histoires qui sont plus vraies que la vie dehors. Tu es là, à l’abri de novembre, si loin de nous et le brouillard n’existe plus, les feuilles tombent pour rien, la maison est un songe. Tout à l’heure, tu prendras une épée pour refaire debout les aventures silencieuses de tes livres. Tu tiendras tous les rôles. Cette petite voix derrière la porte, je la connais. Et les courses en chausson sur le parquet. Les objets tomberont par terre et ce sera sans importance. Je te regarde, un petit garçon, si fugitif et parfait. Ces heures-là, il faudra un jour te les rappeler. Regarde, je t’aide, je prends des notes. Je nous fais un souvenir. Je te sauve pour plus tard.
Nicolas Mathieu, Le Ciel Ouvert
Le mot de la fin
Autant dire que cette lecture me conforte dans l’idée que les prix littéraires ne sont pas toujours gages d’une grande qualité (ou en tout cas que ces qualités ne sont pas basées sur les bons critères)… On termine donc cette semaine de travail sur une note plus que mitigée – alors, pour me rattraper et passer le week-end sous de meilleurs auspices, je t’ai concocté une chronique beaucoup plus réjouissante pour demain. Je t’y parlerai de ma dernière lecture faite dans le cadre de ma participation au Challenge Read Christie 2024… Mais je ne t’en dis pas plus et te donne rendez-vous demain pour tout savoir !
Avant de partir, viens me dire en commentaires si tu as déjà eu l’occasion de lire un livre de Nicolas Mathieu (peut-être même Le Ciel Ouvert) et ce que tu penses de cet auteur et de son œuvre !
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
2 commentaires
Violette · 15 mai 2024 à 22:22
je suis d’accord, heureusement que les digressions étaient là pour éviter de justesse la catastrophe. La pseudo histoire d’amour sent mauvais, c’est lourd, répétitif et inintéressant. J’ai pourtant adoré tous ses autres livres… :((
Amandine Stuart · 16 mai 2024 à 12:09
Heureuse de constater que je ne suis pas la seule à penser ça et que vous partagez mon avis !