Résumé de l’éditeur
Mai 2016. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s’en ajoute un autre, plus intime : mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l’avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays…
Avec ce nouveau roman, Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d’instruction antiterroristes, au cœur de l’âme humaine, dont les replis les plus sombres n’empêchent ni l’espoir ni la beauté.
Fiche technique
Titre : La Décision
Autrice : Karine Tuil
Édition : Folio (n°7185)
Nombre de pages : 352
Date de parution : 02.02.2023
Âge : À partir de 17 ans
Prix : 8.70€
Remarque : J’ai découvert ce livre dans sa version audio, lue par Florence Loiret Caille.
Mon avis
Durant le mois d’Avril, je n’ai pas seulement découvert le livre audio Reste d’Adeline Dieudonné que j’ai adoré. J’ai aussi eu l’occasion d’écouter La Décision de Karine Tuil, un roman contemporain dans lequel nous suivons une juge d’instruction du pôle terroriste – son quotidien sous tension au travail et sa vie personnelle qui se délite, comment ces deux pans de sa vie sont étroitement liés et à quel point les décisions qu’elle prend tous les jours sont susceptibles d’avoir des répercussions monstrueuses.
Karine Tuil s’est attaquée à un sujet difficile. C’est un roman lourd dans ses thématiques, un roman au ton grave et assez solennel. Je m’y attendais. Et pourtant, en ce qui me concerne, La Décision n’a pas eu l’impact qu’il aurait dû avoir. C’était une bonne lecture, mais ça s’arrête là. Je ne saurais pas vraiment expliquer la raison de mon manque d’engouement, même si je pense que je n’attendais pas ce que j’ai trouvé entre ces pages – que j’espérais être confrontée à d’autres choses, qui soient dites autrement.
Je me rends bien compte que ce que je te dis là ne doit pas beaucoup t’avancer, alors je vais tenter d’être plus explicite.
En périphérie
Disons qu’il y a deux points principaux qui m’ont vraiment dérangée dans La Décision. D’abord, la présence trop importante à mon goût de la vie personnelle d’Alma (notre héroïne). Il fallait qu’elle soit présente, bien sûr, pour humaniser le personnage et nous le rendre attachant. On découvre ainsi son mariage, de ses débuts, à l’arrivée de ses enfants, jusqu’à aujourd’hui où il s’est totalement délité. Et puis sa relation adultérine avec Emmanuel, un avocat de la défense. Et même si c’était nécessaire, j’ai vraiment trouvé que ces passages étaient trop nombreux et étalés. Parce qu’au fond, ce qui m’intéressait vraiment, c’était le travail d’Alma et la façon dont elle l’abordait et l’exerçait.
La justice est politique ?
Ce qui m’amène au deuxième point dérangeant : La Décision est un roman beaucoup trop politique à mon goût. Elle est constamment présente, absolument partout, que ce soit dans les réflexions des personnages ou dans de simples remarques de la narration. Et je n’aime pas ça. Il n’est même pas question de savoir si j’adhère ou non aux idées politiques que l’autrice défend ici. C’est simplement que je ne lis pas un livre (un roman de surcroît) pour trouver ce genre de propos, je trouve que l’on est bien assez confronté à eux dans la vie de tous les jours.
Mais d’un autre côté, je peux comprendre pourquoi la politique est si présente dans ce roman. J’aurai même dû m’y attendre. Alma le dit elle-même : Le terrorisme touche tous les aspects d’une société, société qui est elle-même extrêmement politisée. Et même si l’on nous rappelle souvent que la justice est totalement indépendante de toute forme de politique, La Décision nous montre que, malgré tout, les hommes et les femmes qui sont acteurs de la justice ne peuvent pas laisser leurs convictions dans les vestiaires.
Le pôle antiterroriste est l’un des postes d’observation et d’action les plus exposés : il faut être solide, déterminé, un peu aventureux, capable d’encaisser les coups, de supporter la violence (interne, externe, politique, armée, religieuse, sociale), la violence partout, tout le temps – rien ne nous y prépare vraiment.
Karine Tuil, La Décision
Dilemme
Cette réalité débouche sur une dimension du roman que j’ai beaucoup appréciée : La psychologie du personnage et ses sentiments d’écartèlement, de responsabilité et d’incertitude constante qui pèsent sur ses épaules. La peur, presque paralysante, de se tromper. De briser des vies qui n’avaient pas lieu de l’être. Alma doit constamment composer avec la charge qui lui incombe, toute la violence qui l’accompagne et la certitude que, de toute façon, il n’y a pas de bonne solution. Devoir jongler entre les victimes, les accusés, les familles des deux bords, les coupables, les supposés coupables, et le poids de tout ce qui découle de ses conclusions.
Karine Tuil arrive parfaitement à retranscrire cette impression de n’avoir pied nulle part que ressent Alma, qui tente coûte que coûte de se raccrocher à la seule chose tangible dont elle dispose : les faits, les rapports d’enquêtes, les témoignages, les interrogatoires, les rapports d’expertises. Tout en sachant que la vérité pourrait tout aussi bien se trouver ailleurs. C’était très bien fait, dans le sens où je me sentais aussi écrasée qu’Alma, aussi prise au piège. Ce qui doit être franchement insoutenable dans la réalité.
Comme tu l’auras deviné, La Décision n’est pas un roman d’action. Il est plutôt réflexif. Ou du moins, c’est ce que je croyais, jusqu’à un certain point. Un point de bascule où l’histoire prend une dimension tout à fait différente. Quelque chose auquel je ne m’attendais pas et qui a totalement changé ma vision des événements antérieurs à celui-là. Le récit devient alors haletant, violent et émouvant. De sorte que, une fois cette partie entamée, j’ai été incapable de me séparer de mes écouteurs, ayant un besoin irrépressible de connaître la suite. C’était un excellent point, même s’il n’a pas permis d’effacer de ma mémoire les points négatifs que je t’ai exposés en début de chronique.
En bref
En bref, La Décision de Karine Tuil est un roman contemporain qui ne m’a pas entièrement convaincue, notamment à cause d’un développement trop prononcé de la vie personnelle de l’héroïne et d’une dimension politique beaucoup trop présente. Ce fut tout de même une bonne lecture dont je salue la dimension psychologique du personnage qui est magnifiquement exploitée et qui permet de mettre en lumière la difficulté de professions telles que celle qu’exerce Alma. La dernière partie du roman, beaucoup plus dans l’action et le suspense aura permis de conclure ma lecture sur une bonne impression, bien que ça ne retire pas les points négatifs que j’ai précédemment évoqués.
Ma note
La citation
On aura beau se fier à des éléments cohérents, chercher à tout maîtriser, il y aura toujours une part d’incertitude, une marge d’erreur – quoi qu’on fasse, l’individu reste une énigme aux autres et à lui-même ; on ne sait jamais qui on a en face de soi.
Karine Tuil, La Décision
Le mot de la fin
Même si ce roman ne fut pas une totale réussite en ce qui me concerne, une chose est sûre, c’est qu’il m’aura donné envie de me pencher sur d’autres travaux de l’autrice. Je pense notamment aux Choses Humaines qui a récemment été adapté au cinéma par Yvan Attal, avec (entre autres) Suzanne Jouannet, Ben Attal, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz et Pierre Arditi à l’affiche… Et que je compte donc découvrir prochainement, que ce soit en livre ou en film !
Tu as déjà entendu parler de Karine Tuil et d’un de ses romans ?
À bientôt pour un nouvel article !
Amandine Stuart
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