Des rêves dans la marge

Des lectures variées et des avis sincères

Claire Garralon, L.O.L.A.

Résumé de l’éditeur

Quand Lola est entrée dans la classe, ce fut comme un éblouissement pour Charlie. Puis il y eut cette façon de se présenter, en épelant les quatre lettres de son prénom – L.O.L.A. –, comme une mélodie. D’inconnue, Lola devient pour Charlie une amie, puis une meilleure amie. Quelque chose d’indéfinissable chez Lola l’attire irrésistiblement. Du trouble, du désir sans doute. Les filles plaisent à Charlie mais certains garçons aussi, c’est confus. Mais on tombe amoureux d’une personne, pas d’un sexe. Pourquoi faudrait-il se définir selon une orientation sexuelle ? Pourquoi se conformer à une étiquette – hétéro, homo… ? Plutôt simplement mettre des mots sur ses pensées pour que ça existe vraiment.

Actes Sud Junior

Fiche technique

Titre L.O.L.A.

Autrice : Claire Garralon

Édition – Collection : Actes Sud Junior – D’une seule voix

Nombre de page : 72

Date de parution : Septembre 2020

Âge : À partir de 14 ans

Prix : 9.80€

Remarque : Je remercie vivement et chaleureusement les Éditions Actes Sud Junior pour l’envoi de ce livre. Je précise toutefois que mon avis n’en sera pas moins transparent, honnête et sincère.

Mon avis

Lorsque j’ai lu ce résumé sur NetGalley, j’ai tout de suite été charmée par ce sujet et la manière dont il semblait être traité. Et quand je l’ai reçu suite à l’envoi des éditions Actes Sud Junior, j’ai été assez décontenancée de découvrir que L.O.L.A. n’était pas un roman, mais bien une nouvelle de 72 pages.

J’avoue que je lis très peu (pour ne pas dire jamais) de nouvelles. C’est un format qui ne m’est pas familier, mais je me suis rapidement dit qu’il pourrait parfaitement correspondre à un lectorat très diversifié.

Je me suis donc lancée dans L.O.L.A. mercredi soir dernier, et voici ce que j’en retiens…

En général

Ce qui m’a rapidement sauté aux yeux sont les points communs que j’ai pu observer entre l’écriture de Claire Garralon et celle de Lola Lafon dans Chavirer. Elles ont toutes les deux ce truc-que-j’ai-du-mal-à-exprimer mais qui traduit beaucoup les sentiments par l’expression du corps, avec une plume et un phrasé saccadé et un peu précipité. Comme s’il fallait dire ce qu’on ressent le plus vite possible pour arracher le pansement d’un coup et vite passer à autre chose. Comme si on exprimait une honte, ce qui n’est certainement pas loin de la réalité dans le cas de ces deux œuvres.

J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Charlie. On s’attache vite à cette jeune fille assez mal dans sa peau et qui se cherche beaucoup entre sa passion pour les vieilles voitures, sa famille aimante, et cette fascination qu’elle ressent pour Lola, la nouvelle arrivée dans sa classe. J’ai apprécié que ce récit ne soit à aucun moment complaisant ou moralisateur. Il exprime simplement et sans détour toutes les émotions et pensées contraires qui traversent Charlie à ce moment précis de sa vie.

Tout cela est donc fait avec une extrême justesse et démontre, à mon avis, la nécessité de ce genre de récit dans le rayon jeunesse. C’est assez rare de trouver quelque chose d’adapté à un petit comme à un grand lecteur (grâce au petit format de l’histoire). L.O.L.A. plaira à tous, parce qu’au-delà de raconter l’aventure d’une fille qui tombe amoureuse d’une autre fille, c’est surtout le fait de tomber amoureux tout court que nous transcrit Claire Garralon.

En bref

En bref, L.O.L.A. de Claire Garralon est un petit récit au grand message, qui plaira à tous grâce à son écriture révélatrice des sentiments de l’héroine, mais aussi à la grande justesse du propos exprimé.

Ma note

Les 5 citations

Avant de commencer un nouveau livre qui m’intéresse j’aime aller checker quelques citations pour voir si le style d’écriture me plait. Voici donc cinq citations (toujours garanties 100% sans spoilers, évidemment !). Libre à toi de les lire ou pas, suivant si tu aimes bien savoir dans quoi tu t’engages ou si tu veux garder le total plaisir de la surprise.

Charlie, C.H.A.R.L.I.E. Ça ne marche pas pareil, c’est beaucoup trop long, ça ne chante pas, non, c’est vraiment nul.

Ce n’était pas grave pour Lola que ça ne chante pas, elle aimait mon prénom, elle me l’a dit très vite, quelques jours après son arrivée.

– Il est original ton prénom, comme toi. (Elle a souri.) Il te va bien. Non, vraiment.

Dans le rauque de sa voix, Charlie, ça sonnait magique, rugueux, écorce de pin. Ça m’a fait plaisir qu’elle me dise ça, avec son regard ébène délicatement posé sur moi.

J’ai pensé qu’elle était belle, juste ça. Qu’elle est belle ! J’ai souri.

CLAIRE GARRALON, L.O.L.A.

Ça ne m’était jamais arrivé, une meilleure amie. C’est étrange, meilleur ami, meilleure amie, c’est le must ? Ça veut dire quoi au juste, qu’il n’y a pas mieux dans l’échelle de l’amitié ?… De un à dix, le meilleur ami est à dix-huit, il pète tous les records de l’affection, c’est le meilleur, pas d’égal, un mot compte triple à lui tout seul, l’Ami avec un grand A. Pourquoi faut-il se définir en permanence, s’assurer d’être dans la bonne case, rassurer l’entourage… Lola est ma meilleure amie.

CLAIRE GARRALON, L.O.L.A.

Rentrer et s’isoler, aller aux toilettes pour mal de ventre factice, et s’enfermer pour pleurer. Pourquoi ?… C’est quoi, ce que je ressens ? C’est quoi exactement ?… Une douleur comme de la jalousie, c’est ça ?… Une douleur de mon incapacité à dire ce que j’éprouve, à le formuler, à le dire haut et fort ?…

Je fais quoi avec ça ? Je fais comment ? Je planque mes sentiments, j’ai peur, je ne sais ni quoi ni comment faire… Lola, s’il te plait, reste à moi, maintenant pour toujours, Lola, s’il te plaît, aide-moi, aide-moi…

J’aimerais être comme les autres, Jacques, Rosa, Candice, si ça se trouve Lola aussi. Ils savent ! Ils ont l’air de savoir et, moi, je me fais des idées, j’ai des pensées tordues, des pensées impensables. Je pleure et je renifle, minuscule, bientôt dix-huit ans, un ovni ratatiné dans les chiottes, coincé dans une pudeur extrême.

CLAIRE GARRALON, L.O.L.A.

Tomber amoureux, c’est comme chuter de vélo quand on a le souffle coupé, les genoux en sang et le pied tordu dans la pédale, mais qu’on se relève ?

T’as mal, t’es vexé, triste, trahi par ton propre vélo. Tomber amoureux, c’est pareil ? Est-ce comme une chute de vélo ? Je ne peux pas demander ça, c’est stupide, je le sais. J’ai si peur de tomber. Je sais ce que c’est que tomber amoureux, je l’ai vu sur les autres, je l’ai compris, je l’imagine mais je ne l’ai jamais ressenti. La chute de vélo, je l’ai vécue plein de fois. Mes genoux en sont témoins, tailladés de fines lignes blanches.

L.O.L.A. Lola me trouble, Lola m’envahit depuis toujours, Lola me manque, Lola m’emplit de joie, Lola me fait mal…

CLAIRE GARRALON, L.O.L.A.

Maman dit que la nuit porte conseil. Depuis que je connais Lola, il y en a eu, des nuits, avec toutes sortes de sommeils, profonds, agités, légers, hachés, mités, lézardés… Mais pas plus de conseils que de porte dérobée avec un gentil lapin blanc, bleu turquoise ou arc-en-ciel qui me ferait signe de le suivre. Aucun réveil magique avec l’assurance d’avoir enfin compris ce qu’il se passait en moi. Aucune nuit salutaire, aucun conseil distillé sous mes paupières closes. Ce qui se précisait nuit après nuit était l’envie de retrouver Lola. Ce qui s’affinait matin après matin était le besoin profond d’être auprès d’elle. Mon corps près du sien, nos regards échangés, le son de sa voix, les effleurements de nos peaux.

CLAIRE GARRALON, L.O.L.A.

Le mot de la fin

C’en est déjà tout pour ce petit article (en même temps, petit livre – petite chronique) !

Il t’arrive de lire des nouvelles, ou des romans très courts ?

Amandine Stuart

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