Couverture du livre Traverser les montagnes, et venir naître ici de Marie Pavlenko

Résumé de Traverser les montagnes, et venir naître ici

Un roman poignant et lumineux qui raconte le deuil, la solidarité et l’espoir.

Astrid a tout perdu. À quarante ans, plus rien ne la retient, alors elle part. Elle achète sans l’avoir visitée une maison isolée dans la région montagneuse et sauvage du Mercantour. Parmi ses bagages, un carton marqué d’une croix rouge, ce qu’il lui reste de sa vie passée.

Soraya a tout laissé derrière elle. Sa Syrie natale, sa famille, ses amis, son insouciance. Elle traverse la montagne pour rejoindre la frontière française en se cachant de la police. Dans son ventre, une vie qu’elle déteste grandit.

Deux destins de femmes inoubliables. Deux douleurs indicibles qui se rencontrent et s’apprivoisent.

Éditions Les Escales

Fiche technique

Titre Traverser les montagnes, et venir naître ici

Autrice : Marie Pavlenko

Édition – Collection : Les Escales – Littérature française

Pages : 352

Parution : 22.08.2024

Âge : À partir de 17 ans

Formats & Prix : Papier : 21.00€  Ebook : 12.99€

Remarque : Je remercie vivement et chaleureusement les Éditions Les Escales ainsi que Netgalley pour l’envoi de cet ebook. Je précise toutefois que mon avis n’en sera pas moins transparent, honnête et sincère.

Mon avis sur Traverser les montagnes, et venir naître ici

Il y a quelques semaines, je te présentais les sorties de la rentrée littéraire d’août qui me faisaient de l’œil – et c’est suite à cela que les éditions Les Escales m’ont fait parvenir la version numérique du nouveau roman de Marie Pavlenko : Traverser les montagnes, et venir naître ici. Je connaissais déjà l’autrice pour avoir lu Un si petit oiseau il y a quelques années – et j’étais donc curieuse de la retrouver avec, cette fois-ci, un récit adulte (d’autant que toutes les chroniques que j’ai croisées l’encensaient).

Et bon sang, qu’est-ce que j’ai bien fait de les écouter !

Traverser les montagnes, et venir naître ici est un roman que j’ai dégusté lentement pour venir piocher chaque jour deux ou trois nouveaux chapitres, parce qu’il nous donne une impression de flottement. Le style haché de Marie Pavlenko illustre un récit brut et entier, bourré de sensibilité et d’humanité. Astrid et Soraya ne pourraient pas avoir des vies plus différentes – l’une a perdu son mari et ses deux fils dans un accident de voiture et part faire le point dans un chalet perdu au fin fond du Mercantour, tandis que l’autre a abandonné son pays rongé par la guerre pour entreprendre un voyage violent et meurtrier vers l’espoir d’une nouvelle vie – mais ces deux femmes ont en réalité bien plus en commun qu’il n’y paraît. Elles luttent toutes les deux entre ombre et lumière, pour surmonter leurs traumatismes et se donner une nouvelle chance de vivre.

Mais ce n’est pas une simple histoire de reconstruction. Ce roman, c’est aussi et surtout un véritable engagement. Entre ode à la nature sauvage, militantisme politique, réflexions autour de la maternité, écrin de sensibilité qui n’en reste pas moins franc de réalisme, déclaration d’amour à la poésie et à celles et ceux qui l’écrivent (je suis d’ailleurs ressortie de ma lecture avec une liste bibliographique que je compte bien découvrir !), mais aussi portrait d’humanité dans son sens le plus large… Traverser les montagnes, et venir naître ici est une petite bombe qui nous fait osciller entre un tas de sujets (souvent difficiles, alors attention aux triggers warning) qui se retrouvent magnifiquement liés.

On ressort de cette lecture un peu hébétés, mais aussi bouleversés et avec la certitude d’avoir vécu un grand moment de littérature.

Le coup de cœur m’a échappé de justesse à cause de cette écriture parfois un peu trop décousue à mon goût et qui donnait justement un caractère presque trop suspendu au récit que j’aurai préféré voir plus ancré, mais ce n’est vraiment qu’une impression qui n’engage que moi et qui ne sera définitivement pas ce que je retiendrai de ma lecture.

Bref, Traverser les montagnes, et venir naître ici est un roman salutaire et assurément l’une des pièces maîtresses de cette rentrée littéraire !

Ma note

Ma note : 16/20

La citation de Traverser les montagnes, et venir naître ici

Le sommeil est parti folâtrer avec les mélèzes de bronze.

Astrid est dans son lit, pieds et mains gelés. Elle chuchote des poèmes au carton. Alors qu’elle termine de murmurer Marina Tsvétaïéva :

« Les cours d’eau à rebours inclinent – à fuir

Et moi je veux sur ta poitrine – dormir. »

elle s’interrompt sans lire la date sous le poème.

Elle arrête de respirer, se redresse, petite corde dont les brins soudain tendus sont prêts à rompre, elle écoute, incertaine. Elle attend.

Le cri explose de nouveau dans l’immense ciel de nuit, doux et rauque, un chant magique, incantation millénaire qui a bercé l’humanité, il se heurte aux versants abrupts, démultiplié par l’écho qui le lance et le relance avec précaution. Comme un joyau, il fend la montagne jusqu’à elle.

Incrédule, Astrid éclate en sanglots, et même alors, dans le bruit de ses larmes, de sa gorge étranglée, magnifiques et sauvages, elle les entend encore.

Des loups.

Ils s’appellent, se répondent, ils racontent une histoire, le groupe, la famille, les sentes partagées, la meute qui veille.

C’était son plus grand rêve.

Kamal en aurait chialé.

Astrid éteint la lumière et file ouvrir grand la fenêtre et les volets.

Dehors, il n’y a que l’ombre dense.

Les loups hurlent encore et sans réfléchir, Astrid pose les mains sur l’appui de fenêtre et se joint au chœur lointain. Cou tendu, yeux fermes, elle hurle dans la nuit, elle hurle pour Kamal, elle hurle pour Tom et pour Jibril, son clan, sa meute, et elle croit que les loups vont se taire, indignés par cette voix étrangère, mais non, ils redoublent leurs cris, lui répondent, nous savons les liens, la perte, le deuil, nous te comprenons, nous partageons le même sang, rouge et chaud, nous sommes tes frères, et Astrid tombe à genoux sur le parquet froid ou elle reste longtemps.

Lorsque le silence est revenu, elle regagne son lit et se blottit sous la couette.

Et moi je veux sur ta poitrine – dormir.

Marie Pavlenko, Traverser les montagnes, et venir naître ici

Le mot de la fin

C’est la fin de cette chronique dont l’écriture m’intimidait un peu, mais dont je suis finalement satisfaite (pour une fois que ça arrive – ça se fête !). Alors, pour continuer sur la même dynamique, je t’annonce d’ores et déjà que l’on se retrouvera dès demain pour faire le point sur les plus belles sorties littéraires de septembre – puis samedi pour une autre chronique lecture d’un service de presse qui s’est quant à lui révélé bien plus décevant !

Alors, pour être certain⋅e de ne pas passer à côté de mes futurs articles, je t’encourage chaleureusement à aller t’inscrire à la newsletter (tu seras ainsi averti⋅e par mail dès qu’un nouvel article sera publié sur le blog) ou à venir me retrouver sur Instagram où je publie tous les jours de nouveaux contenus littéraires !

Mais avant de partir, viens me dire en commentaires si tu avais déjà entendu parler du nouveau roman de Marie Pavlenko et ce que ma chronique t’inspire !

À bientôt pour un nouvel article !

Amandine Stuart

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