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Titiou Lecoq, Les Grandes Oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes

Résumé de l’éditeur

L’Histoire revisitée sous l’angle féminin : raconter et comprendre ce grand oubli dans lequel sont tombées les femmes de la Préhistoire jusqu’à nos jours.

L’Histoire revisitée sous l’angle féminin : raconter et comprendre ce grand oubli dans lequel sont tombées les femmes de la Préhistoire jusqu’à nos jours.

“On nous a appris que l’histoire avait un sens et que, concernant les femmes, elle allait d’un état de servitude totale vers une libération complète, comme si la marche vers l’égalité était un processus naturel. Ce n’est pas exact. On a travesti les faits. On a effacé celles qui avaient agi, celles qui, dans le passé, avaient gouverné, parlé, dirigé, créé.”

A la préhistoire, les femmes chassaient, au Moyen Âge, elles étaient bâtisseuses de cathédrales ou encore espionnes durant la guerre de Cent Ans ; au XIXe siècle, elles furent journalistes… À chaque époque, elles ont agi, dirigé, créé, gouverné mais une grande partie d’entre elles n’apparaissent pas dans les manuels d’histoire. Dans la lignée des travaux de Michelle Perrot, Titiou Lecoq passe au crible les découvertes les plus récentes. Elle analyse, décortique les mécanismes, s’insurge, s’arrête sur des vies oubliées pour les mettre en lumière. Sa patte mordante donne à cette lecture tout son sel. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leur voix.

Une autrice féministe qui a l’art de conjuguer rigueur universitaire et patte humoristique. Préface de Michelle Perrot.

L’Iconoclaste

Fiche technique

Titre Les Grandes Oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes

Autrice : Titiou Lecoq

Édition : L’Iconoclaste

Genre : Essai

Nombre de pages : 325

Date de parution : 16.09.2021

Âge : À partir de 14 ans

Prix : 20.90€

Mon avis

? Alerte au coup de cœur ! ?

Il est de ces livres dont tu sais avant même de les tenir entre tes mains qu’ils seront exceptionnels. C’est le cas des Grandes Oubliées.

Je suis sidérée. Le monde vient de changer l’axe sur lequel il tourne. Ou plutôt : Je découvre que l’axe que l’on m’a montré depuis toujours comme étant le vrai seul et unique, était en réalité un leurre maquillé depuis tout ce temps. Mesdames, j’ai l’honneur et l’horreur de vous annoncer que nous avons été trompées, flouées et écartées.

Savais-tu que l’idée qui veut que les droits des femmes ne fassent que s’accroître depuis 1950 est totalement fausse ? Notre égalité avec les hommes ne fait pas que grandir telle une jolie ligne sur un diagramme. Non. La bonne image serait plutôt celle qui veut que nous fassions trois pas en avant, pour être contraintes d’en reculer de quatre. Ou, si tu préfères, celle d’une vague qui déferle pour systématiquement se retirer. Eh oui, nos droits élémentaires n’ont cessé, au fil des siècles, de nous être octroyés puis supprimés… En fonction de ces Messieurs, bien sûr. Alors n’allons pas croire que la lutte est sur la bonne voie, parce que le plus dur ne fait que commencer : réussir à garder ce que nous venons tout juste de récupérer.

C’est le constat auquel nous force Titiou Lecoq avec ce magnifique essai. En mêlant la rigueur et la documentation d’un travail universitaire et une pédagogie et un langage accessible d’aujourd’hui, elle nous fournit un objet absolument nécessaire et indispensable à la compréhension du statut actuel et passé des femmes. Franchement, je n’ai pas eu l’impression de lire un essai, mais plutôt d’écouter, hébétée devant un bon thé, ma bonne fée me démontrer par A+B que le monde est complètement fou.

Sérieusement, même la femme préhistorique était plus évoluée que nous. Parce que ne vas pas douter que chaque période historique ait eu son lot de combats féministes ! Ce serait te fourvoyer (oui, ce mot existe encore), parce que ces combats étaient tout aussi primordiaux que ceux d’aujourd’hui. Au fond, c’est ce qui m’a le plus troublée : Nous traversons les époques et sommes témoins de tous leurs changements, mais une chose reste obstinément inchangée… Cette capacité à sans arrêt nous battre pour nos droits.

Il n’y a donc aucune raison pour que tu ne fonces pas lire ce livre d’intérêt public. Vraiment, c’est un incontournable que tu dois découvrir pour ensuite le transmettre à un maximum de ton entourage. Vas-y. Maintenant.

La citation

Les historiennes Véronique Garrigues et Julie Pilorget relèvent pourtant cela elles-mêmes : « Aujourd’hui, avec les nouveaux programmes de collège et de lycée, on constate un nouveau recul de la présence des femmes dans l’histoire enseignée. » Pour regarder plus en détail ce qu’apprennent les élèves, j’ai choisi au hasard le manuel d’histoire Hachette spécial réforme du lycée (2019). Les femmes y apparaissent dans six pages sur un total de 227 : une double sur les femmes et la vie civique à Athènes (ce qui est déjà un bon point parce que ce n’est même pas dans les directives officielles). Ensuite, une double page, avec Émilie du Châtelet pour évoquer le rôle des femmes dans la vie scientifique et culturelle et, pour finir, le rôle des salons avec l’exemple de Mme de Tencin.

Six pages.

Ah non, pardonnez-moi, j’oubliais une page. La couverture. Elle présente un tableau où l’on voit une jeune fille de 14 ans, la marquise d’Antin, un oiseau posé sur ses doigts. Parce que les filles c’est joli et qu’on aime mettre de belles images sur les couvertures.

C’est fou. Suis-je la seule à voir combien c’est dingue ? Et révélateur de là où nous en sommes encore collectivement ?

Comment peut-on penser le rapport au pouvoir, ce qui est l’objectif avoué du programme de la classe de seconde, sans penser les rapports femmes/hommes ? C’est absurde – mais pas innocent. L’histoire des femmes reste perçue comme un gadget par certains, une sous-catégorie – ce qui relève au fond de la vieille idée que les femmes elles-mêmes ne sont qu’une sous-catégorie de l’humanité.

Pourtant, je croyais qu’il était dans les missions de l’école de lutter contre les inégalités. L’éducation est un levier puissant que l’on n’a pas suffisamment actionné pour œuvrer à l’avènement de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Dans L’Histoire des femmes en Occident, et le volume consacré au XX° siècle, l’historienne Marcelle Marini s’interrogeait sur la disparition des femmes écrivaines des manuels scolaires. Elle s’en inquiétait parce que “l’école confirme les garçons comme seuls héritiers légitimes et futurs détenteurs de la créativité culturelle ; en revanche, elle enlève aux filles toute position légitime d’énonciation”.

Ce texte date de 1992. Il y a presque trente ans. Les choses ont-elles vraiment changé ?

L’école fabrique activement de l’inégalité entre les filles et les garçons.

Titiou Lecoq, Les Grandes Oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes

Ma note

Le mot de la fin

Il te fait envie ?

Amandine Stuart

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