Des rêves dans la marge

Des lectures variées et des avis sincères

Marina TsvétaÏéva, La Tempête de neige – Une Aventure

Résumé de l’éditeur

Dans ces textes de jeunesse, Marina Tsvétaïéva touche à un genre pour lequel elle demeure méconnue – le théâtre –, y nouant courtes intrigues et petites scènes narratives autour de la rencontre amoureuse. C’est encore cependant sa plume versifiée qui frappe par son
incandescence dans ces deux tableaux où se meuvent, poétiquement, silhouettes brûlant d’absolu et solitudes sans remède.

Le monsieur : Écartez-vous ! Vous allez brûler vos cheveux !

La dame : Ne craignez rien pour moi ! Je suis moi-même Feu.

Folio

Fiche technique

Titre La Tempête de neigeUne Aventure

Autrice : Marina Tsvétaïéva

Édition – Collection : Folio – Folio 2€ (n° 6652)

Nombre de page : 128

Date de parution : 23.05.2019

Âge : À partir de 15 ans

Prix : 2.00€

Remarque : J’ai lu ce livre dans le cadre de ma participation au challenge Autrices au monde, le pays mis à l’honneur en ce mois de Janvier 2022 étant la Russie.

Mon avis

Je ne sais pas ce qu’il en est pour toi, mais moi j’ai toujours aimé lire du théâtre. J’ai par exemple d’excellents souvenirs de lecture avec Antigone d’Anouilh lors de mes années collège, ou encore avec Le Cid de Corneille découvert plus récemment à la fac. Et puis, il y a quelque temps, je me suis fait la réflexion que je n’avais jamais lu de théâtre comme ça, pour mon bon plaisir, en lecture perso. (C’était toujours impulsé par une obligation pour mes cours.) Et comme tu avoueras que c’est franchement dommage, j’ai décidé de remédier à ça à l’occasion de ma première participation au challenge Autrices du monde, qui propose chaque mois de lire un livre d’une autrice originaire d’un pays dont nous ne connaissons que très peu (voir pas du tout) la littérature – le pays mis à l’honneur en ce mois de Janvier 2022 étant la Russie.

Et comme tu peux le voir, j’ai choisi de me pencher sur le petit recueil de deux pièces de théâtre de Marina Tsvétaïéva : La Tempête de neige et Une Aventure.

La première chose que tu dois savoir, c’est que j’ai vraiment adoré connaître cette autrice, à la vie si riche et si tragique. La petite biographie au début de mon édition Folio m’a d’abord bien renseigné et épaté, mais m’a aussi donné envie de pousser plus loin dans mes recherches sur la vie Marina Tsvétaïéva. Ce que j’ai fait, et que je te conseille aussi d’aller voir si tu veux découvrir la vie d’une femme qui mérite d’être connue.

Ensuite, en ce qui concerne les pièces en elles-mêmes… Disons que je suis plus mitigé. Parce que si je ne peux reprocher à l’autrice sa plume indéniablement envoûtante et poétique qui nous plonge dans deux contes qui auraient été idéal à lire au moment de Noël, avec la magie et les mystères que nous aimons tant à cette période de l’année… Je dois dire que le reste m’a laissé assez dubitative.

La première pièce, La Tempête de neige, est très courte et m’a globalement bien plu – avec son intrigue se déroulant dans une auberge un soir de Nouvel An, cette vieille dame qui ne fait que radoter et dire que « c’était mieux avant », cette mystérieuse dame qui se cache sous sa cape et ne dit pas grand-chose, et ce monsieur qui arrive en pleine nuit alors pratiquement tout le monde est déjà parti se coucher. C’était sympathique, mais sans plus. Pourtant c’était romantique, et tu sais que quand c’est romantique, tu sais que moi ça me va. Mais il y a quelque chose dans le fond de l’histoire qui ne m’a pas vraiment convaincue, des réponses que je n’ai pas obtenues. Alors certes, c’était enchanteur et onirique – mais les beaux mots et les jolies situations ne font pas tout, il faut aussi un minimum de profondeur. Donc voilà : le décor et le contexte étaient somptueux, mais en grattant un peu je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas tout ce que j’aurais pu espérer.

La seconde pièce, Une Aventure, est quant à elle beaucoup plus longue. Et là encore, si les idées sont là, je dois dire que le reste m’a encore moins accroché que La Tempête de neige. Alors, encore une fois, j’ai bien apprécié le principe de ce personnage « enfant de la lune » qui change de sexe au fil de l’histoire et va prendre Casanova (cette figure emblématique, grand séducteur qui enchaine les conquêtes et les aventures d’un soir) à revers en se moquant de lui et en le battant à son propre jeu. Seulement, je me suis perdue dans la multiplicité des personnages et des lieux de l’intrigue. J’ai donc eu l’impression de constamment chercher à comprendre où nous étions, avec qui et comment tout cela évoluait – alors que j’aurais préféré me concentrer sur le reste. Et même si les derniers vers m’ont beaucoup fait sourire, comme tout à l’heure, ça n’a malheureusement pas suffi à me contenter.

Bref, j’ai apprécié cette lecture pour le challenge auquel elle m’a permis de participer, pour la vie de l’autrice qu’elle m’a fait découvrir, ainsi que pour la très belle plume et les images enchanteresses qui y sont décrites… Malheureusement beaucoup trop fugaces et pas assez développées à mon goût.

Les 2 citations

LE CHASSEUR :

Une dame titrée, on voit :

Peut-être une comtesse,

Peut-être une princesse,

Peut-être même – incognito – une duchesse.

LA VIEILLE :

Ah, dans le temps,

Nous savions être des duchesses !

Il y avait un signe :

Plus blanche et fine était la peau –

Plus sévère était la conduite.

LE MARCHAND :

Vous preniez garde à vous comme des nonnes ?

LA VIEILLE, d’un ton inspiré :

Non ! Nous embrassions tant et plus !

Nous griffonnions sur des papiers

Des vers sur la passion fatale !

Que de laquais dans l’antichambre, que de livrées dorées,

Que de carrosses devant le perron !

Encore aujourd’hui j’en ai des frissons,

Moi, toute chenue !

Jeune – aimable – couvert de médailles…

Marina Tsvétaïéva, La Tempête de neige

CASANOVA, poursuivant un dialogue sans fin :

Je vous aime !

HENRI :

Vous avez une voix

Délicieuse !

CASANOVA :

Et vous ne m’aimez pas !

HENRI :

Tout n’est

Pas si simple,

Casanova, sous la lune !

L’échelle de l’amour a sept degrés…

CASANOVA :

Alors je suis le huitième !

HENRI :

Entre « oui » et « non », il y a cent mille

Millions de verstes !

CASANOVA :

Vous ne m’avez pas embrassé encore,

Pas une fois !

HENRI :

Tous les chemins ne mènent pas à Rome.

CASANOVA, inquiet tout à coup :

Non, Rome n’est pas sûre. Allons plutôt

À Parme ! Je vous aime !

HENRI :

Oh, mots délicieux !

CASANOVA :

Et vous ne m’aimez pas !

HENRI :

… Délicieuses lèvres…

CASANOVA :

Jamais je n’ai aimé si ardemment,

Et jamais plus je n’aimerai ainsi…

HENRI, avec sérieux et profondeur :

Ainsi – jamais. Autrement – mille fois :

Plus fort, plus ardemment. – Mais d’une amour

Plus étrange – non jamais !

CASANOVA :

Que regardez-vous là ?

HENRI :

Yeux délicieux !

Les baisers, ce doit être un délice…

CASANOVA s’approche comme pour un baiser.

HENRI, il l’écarte en riant :

Non, quand tout dormira : comme un rayon de lune…

N’oubliez pas – nous sommes des aventuriers :

L’argent d’abord, l’amour ensuite…

CASANOVA, tombant des nues :

Quel argent ?

HENRI, avec un sérieux feint :

Mais le prix de l’amour.

Je me dois de vous prévenir :

Pas moins de dix sequins.

CASANOVA :

Alors, mille !

Marina Tsvétaïéva, Une Aventure

Ma note

Le mot de la fin

Et toi, tu aimes lire du théâtre ? Tu connaissais ce challenge ?

Amandine Stuart

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