Résumé de l’éditeur
Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu.
André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille.
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences.
Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si particulière qu’elle occupe aujourd’hui dans le paysage littéraire français.
Fiche technique
Titre : Histoire du fils
Autrice : Marie-Hélène Lafon
Édition – Collection : Buchet / Chastel – Roman ; Littérature française
Nombre de page : 176
Date de parution : 28.08.2020
Âge : À partir de 13 ans
Prix : 15€
Récompense : Prix Renaudot 2020
Remarque : J’ai lu ce livre dans le cadre de mon rôle de jurée du Prix du Roman des étudiants, dont Histoire du fils fait partie de la sélection 2020.
Mon avis
J’ai très rarement eu l’occasion de me confronter à ce genre littéraire d’ »histoire de famille ». Et franchement, ça n’a jamais été quelque chose qui m’attirait parce que j’avais peur de m’ennuyer. J’éprouvais donc un peu d’appréhension avant de me lancer dans cette lecture.
En général
Et il se trouve que mon instinct ne me trompait pas.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, tu sais qu’ici je prône l’honnêteté. Je n’ai pas apprécié Histoire du fils. Ce qui ne veut pas dire que je l’ai détestée pour autant, non. Et au fond je crois que c’est là que se trouve ma plus grande déception : j’ai été très indifférente face à ces personnages et à leur vie. C’est là que, pour le coup, je ne comprends pas pourquoi.
Parce qu’il faut savoir que ce livre n’est pas dénué de qualités. J’ai su les voir, les détecter et les analyser. Mais pas, jamais, à m’en imprégner. En fait, tout cela m’a glissé sur le corps sans parvenir à me toucher. Et j’avoue que ça m’a un peu décontenancé. Parce que, tu vois, je suis comme Goldman : j’adhère totalement au « tout mais pas l’indifférence ». Mais bon, que veux-tu, quand elle s’impose à nous, on ne peut pas y faire grand-chose.
Je suis en train de me rendre compte que je ne te parle même pas du fond du sujet, et je crois que c’est une grosse erreur, parce que je suis persuadée qu’Histoire du fils saura satisfaire bon nombre de lecteurs. Voici donc les bons points !
- L’écriture est plaisante, assez sophistiquée mais jamais lourde ou incompréhensible. Elle présente une vraie fluidité à la lecture, ce qui fait que ce livre n’est absolument pas long à lire (ou en tout cas je ne l’ai pas ressenti) puisque je l’ai terminé en trois heures. En trois ou quatre phrases, Marie-Hélène Lafon arrive à nous décrire un nouveau lieu avec juste ce qu’il faut de généralités et de détails pour qu’on le visualise sans aucune difficulté. C’est beau. [En revanche, il y a deux points qui m’ont légèrement dérangée. Le premier, purement formel, étant qu’il n’y a pas de paragraphe à l’intérieur des chapitres. Ou plutôt, chaque chapitre d’une bonne dizaine de pages n’est composé que d’un seul et unique paragraphe. Et je trouve que ça alourdit le récit et que ça contribue à fatiguer nos yeux. Pas très agréable, donc… Le second point qui m’ait dérangé étant que nous n’avons, à aucun moment du récit, de discourt direct. Ça pourrait ne pas être gênant en soit, mais il se trouve que les discours, les dialogues rapportés m’ont légèrement perturbée.]
- L’histoire en elle-même est intéressante et foncièrement moderne, bien qu’elle se passe au XX° siècle. Ses personnages le sont tout autant, avec leurs dualités et leurs hétérogénéités. La fin de ce roman (même si je ne peux pas t’en parler) a été celle que j’attendais et, qu’à mon sens, il fallait pour Histoire du fils. J’ai donc terminé cette histoire sur un bon point. [Je tiens cependant à t’avertir que le fonctionnement, le déroulé narratif est assez spécial puisque chaque chapitre se déroule, non pas dans une évolution chronologique, mais bien avec des bons dans le temps et des retours en arrière. Ça peut donc être perturbant et perdre un peu le lecteur s’il n’est pas attentif à ce point.]
En bref
En bref, Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon a malheureusement été pour moi un lecture « oubliable » qui n’a pas su m’atteindre et me transporter malgré sa jolie plume et son histoire qui saura plaire à un autre lectorat que moi.
Ma note
Les 5 citations
Avant de commencer un nouveau livre qui m’intéresse j’aime aller checker quelques citations pour voir si le style d’écriture me plait. Voici donc cinq citations (toujours garanties 100% sans spoilers, évidemment !). Libre à toi de les lire ou pas, suivant si tu aimes bien savoir dans quoi tu t’engages ou si tu veux garder le total plaisir de la surprise.
Son père tue les renards, son père est chasseur, plus tard, lui, il sera enfant de chœur et il ne chassera pas, il ne veut pas tuer les bêtes, ni les renards magiques, ni les lièvres de velours, ni les chevreuils bondissants, ni les oiseaux, aucun oiseau, surtout pas les oiseaux.
MARIE-HÉLÈNE LAFON, HISTOIRE DU FILS
Paul était content de sa phrase et de ses formules ; il en avait le goût, d’aucuns disaient le don, et en usait volontiers au fil des discussions enflammées entre internes sur la cruciale question de cette guerre qui n’en finissait pas. Ceux qui voulaient partir, et rejoindre, ou remplacer, ou venger les pères, les oncles, les frères, les cousins, les amis, en imposaient aux autres ; on osait à peine dire ou même penser que l’on avait peur, ou que cette guerre enterrée dans la boue depuis quatre ans n’avait plus vraiment de sens, ou que l’on ne savait pas comment infliger ça en plus, ce départ, à une mère, à une sœur déjà vouées au noir et aux larmes.
MARIE-HÉLÈNE LAFON, HISTOIRE DU FILS
À père inconnu, fils inconnu. Ce père et lui auraient en commun un adjectif de trois syllabes dont la première est un préfixe de sens négatif et les deux suivantes un participe passé.
MARIE-HÉLÈNE LAFON, HISTOIRE DU FILS
Maintenant il s’agit de prendre le présent à la gorge, sans attendre que l’irrémédiable coupe court à tous les élans.
MARIE-HÉLÈNE LAFON, HISTOIRE DU FILS
Ils ne pesaient pas ; curieux, parfois stupéfait, jamais railleurs ni méprisants, ils se réjouissaient volontiers et demeuraient en appétit du monde et follement épris de leurs trois petits-enfants.
MARIE-HÉLÈNE LAFON, HISTOIRE DU FILS
C’en est déjà fini pour cet article. Moi je retourne à ma dissertation sur Paul Valéry en te souhaitant de jolies lectures.
Et toi, tu es amateur.ice d’ »histoires de famille » ? Tu en aurais d’autres, plus susceptibles de me plaire, à me conseiller ?
Amandine Stuart
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