Des rêves dans la marge

Des lectures variées et des avis sincères

Clémentine Beauvais, Brexit Romance

Résumé de l’éditeur

Juillet 2017 : un an que « Brexit means Brexit » !

Ce qui n’empêche pas la rêveuse Marguerite Fiorel, 17 ans, jeune soprano française, de venir à Londres par l’Eurostar, pour chanter dans Les Noces de Figaro ! À ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev.

Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de l’électrique Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE. Son but ? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais… pour leur faire obtenir le passeport européen.

Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des nœuds au cerveau – et au coeur !

Éditions Sarbacane

Fiche technique

Titre Brexit Romance

Autrice : Clémentine Beauvais

Édition – Collection : Sarbacane – Exprim’

Nombre de page : 456

Date de parution : 22.08.2018

Âge : À partir de 13 ans

Prix : 17.00€

Remarque : J’ai lu ce roman dans le cadre de l’édition 2021 du challenge lecture FAIS VRILLER TA PILE À LIRE.

Mon avis

Ce livre, ça faisait six mois qu’il végétait dans ma PAL. Je l’avais acheté juste avant de partir en vacances, en me disant que j’allais avoir beaucoup de temps pour lire pendant les trajets en voiture.

Ça faisait longtemps que j’en entendais énormément de bien. Et comme je souhaitais découvrir Clémentine Beauvais depuis quelques temps déjà, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. Mais il faut croire que le véritable bon moment, c’était la semaine dernière… Moment où je me suis enfin décidée à le sortir pour avancer dans le challenge FAIS VRILLER TA PILE À LIRE auquel je participe cette année.

Enfin bref, mes impressions et réflexions sur Brexit Romance de Clémentine Beauvais, c’est tout de suite !

En général

Avis à tous ceux qui aiment juger un livre à sa couverture : Brexit Romance n’est d’abord pas une histoire d’amour, ou en tout cas pas dans le sens où on pourrait l’entendre. Pourquoi ? Parce que c’est avant tout autre chose une peinture de notre société, une déclaration d’amour à l’amitié franco-britannique.

Clémentine Beauvais parvient avec beaucoup de justesse, d’objectivité et d’humour à retranscrire et se moquer gentiment des manières et des habitudes des Français et des Britanniques. Ce sont des petites choses auxquelles on ne fait pas attention, mais qui caractérisent en fait tout ce qui fait la réputation des habitants d’un pays. Encore une fois, tout cela est fait avec beaucoup de douceur, d’humour et de bienveillance. C’était vraiment un régal de lire ces petites piques qui apparaissaient çà et là au fur et à mesure que j’avançais dans ma lecture.

Et même si j’ai eu l’impression que ces attentions étaient plus dirigées vers nos voisins, j’ai justement beaucoup apprécié que Clémentine Beauvais dépeignait un ensemble très global et juste de la société britannique. Mais surtout de ceux qui font cette société. Elle en parcourt vraiment toute l’échelle, ce qui fait que nous sommes aussi bien confrontés aux milieux les plus populaires, qu’à la classe moyenne et qu’à la très haute aristocratie du pays.

C’était très agréable de voyager autant, parce que nous voyageons bel et bien, non seulement d’un point de vue sociologique que géographique. De l’Eurostar, nous visitons non seulement les différents quartiers de Londres, que la campagne et les landes britanniques. Moi qui n’ai jamais posé les pieds là-bas, j’ai maintenant l’impression d’en avoir une vision assez large et claire !

Et toutes ces déambulations sont un excellent moyen de traiter du sujet d’actualité de cet été 2017 : le Brexit ! Parce que tu te doutes bien que si c’est le premier mot du titre de ce livre, ce n’est pas pour faire joli. C’est un sujet que l’autrice veut aborder. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je dirais que c’est l’exemple parfait de sujet sur lequel un auteur pourrait très facilement se casser les dents. Eh bien… C’est loin d’être le cas de Clémentine Beauvais !

J’ai été éblouie par la façon dont elle parvient, toujours avec une immense justesse, à dépeindre un paysage politique (aussi bien français que britannique). Mais justesse ne veut pas dire impartialité. Clémentine Beauvais a un avis politique sur la question, et elle l’exprime. Sans toutefois flageller les personnes qui auraient voté pour la sortie de l’Union Européenne. Elle explique les raisons sociétales et personnelles qui font que le résultat de ce vote fut celui que l’on connaît. (On en revient à ce que je disais plus tôt.) En revanche, elle s’en prend beaucoup plus aux personnalités politiques. On en croise beaucoup dans ce roman : Theresa May, Boris Johnson, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, pour ce qui est de la non-fiction, mais aussi bien d’autres tout aussi importants dans le récit.

C’est vraiment quelque chose que j’ai apprécié : la manière dont Brexit Romance donne accès à une première conscience politique aux jeunes lecteurs qui n’en auraient pas encore. Ce roman démontre en fin de compte qu’aujourd’hui il est primordial de continuer de s’intéresser à la politique. L’histoire du Brexit en est un bel exemple. Mais l’engagement peut s’incarner de bien des manières, l’une d’entre elles se trouvant être la résistance qui s’illustre dans le roman par un principe très simple, j’ai nommé : Brexit Romance.

Et c’est là que ça devient vraiment très fort : sous couvert d’une entreprise illicite qui organise des mariages blancs entre Britanniques et citoyens de l’Union Européenne pour fournir aux mariés des passeports, Clémentine Beauvais parvient à faire beaucoup plus qu’une simple aventure pour obtenir des tickets d’entrées. Elle s’en sert pour se faire rencontrer toute une flopée de personnages qui, peut-être, sait-on jamais, pourraient bien tomber amoureux. Bien que ce soit totalement contraire à la charte d’inscription de Brexit Romance. Mais que veux-tu, après tout, les règles sont faites pour être enfreintes, non ? Bref, il se pourrait fort bien que cette histoire soit agrémentée d’un tantinet de romance. En même temps, tu me diras, c’est écrit dans le titre du bouquin, alors…

Je ne te dirais rien sur « qui », ça gâcherait beaucoup trop de choses, mais j’aimerais te parler un peu du « comment ». J’ai beaucoup aimé (tu dois commencer à te demander ce que je n’ai pas « beaucoup aimé » dans ce roman) la façon dont les sentiments mettent du temps à se développer et la manière dont les personnages ont vécu tout cela. Je veux dire que la romance ne prenait pas toute la place, elle était parfaitement dosée et n’était pas la seule préoccupation des protagonistes. Ça a rendu les choses beaucoup plus réalistes et agréables.

Mais Brexit Romance n’est pas qu’un récit d’amours, c’est aussi une très belle histoire d’amitiés et d’évolution, de personnages qui se construisent, se remettent en question et deviennent plus matures. Je ne pense pas qu’il y en ait que j’ai vraiment détesté (à l’exception d’un couple près, mais franchement, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement). En revanche, il y en a pour lesquels j’ai éprouvé plus d’affection que d’autres. Je pense notamment à Justine, à Pierre, et à Cosmo. (J’accorde d’ailleurs une mention spéciale à Jeremy Corbyn dans le roman. Ceux qui l’ont lu comprendront.)

Enfin, je terminerai cet avis en te disant à quel point je salue le travail d’écriture de Clémentine Beauvais dans Brexit Romance. Je pense sincèrement que ça a dû lui demander des heures de prises de tête et d’arrachage de cheveux (elle l’évoque d’ailleurs dans les remerciements). Le résultat tient du travail de maître avec ce texte bourré de références, d’anglicismes, de jeux de langue, et d’inventions de mots. Vraiment… Whaou ! Je suis bluffée et admirative ! Découvrir cette écriture fut déjà un immense plaisir en soi, en me demandant avec quel moyen elle parviendrait à me surprendre lorsque je tournerai la prochaine page.

En bref

En bref, Brexit Romance de Clémentine Beauvais est une excellente lecture que je ne peux que te conseiller. Je suis tombée amoureuse de l’autrice, de son écriture, de ses personnages, et des idées qu’elle défendait.

Ma note

Les 5 citations

Avant de commencer un nouveau livre qui m’intéresse j’aime aller checker quelques citations pour voir si le style d’écriture me plait. Voici donc cinq citations (toujours garanties 100% sans spoilers, évidemment !). Libre à toi de les lire ou pas, suivant si tu aimes bien savoir dans quoi tu t’engages ou si tu veux garder le total plaisir de la surprise.

« Personne ne vous a donc jamais dit, demanda Kamenev, que le up et le down sont le yin et le yang de la langue anglaise, ses points cardinaux, sa raison d’être ? »

« Comment ça ? Mais non ! » s’affola Marguerite, choquée que Madame Kessler ait ainsi failli à son devoir.

« C’est une langue obsédée par la verticalité », dit Kamenev derrière son journal. « Il faut toujours qu’elle précise ce qui est en haut et ce qui est en bas. Quand on a une idée, on think up quelque chose. Quand on méprise quelqu’un, on le look down. Quand on cherche une maison plus petite, on veut faire du downsizing, alors qu’un meilleur appartement sera plus upmarket. »

Clémentine Beauvais, Brexit Romance

Pourquoi exactement avait-il dit cela ? Il n’en était pas sûr lui-même. Parce qu’il le pensait, sans doute. Parce qu’il était français, aussi, et qu’on ne disait pas, en français, de choses qui ne fussent pas un tant soit peu conflictuelles, juste par amusement.

CLÉMENTINE BEAUVAIS, BREXIT ROMANCE

Marguerite supposait que la mauvaise humeur de Kamenev était due aux raisons habituelles, c’est-à-dire au creusement des inégalités socioéconomiques dans le monde, à la présidence jupitérienne d’Emmanuel Macron, ou à d’autres aspects encore de la pensée complexe de son mentor.

CLÉMENTINE BEAUVAIS, BREXIT ROMANCE

Mais elle avait du mal à croire Kamenev lorsqu’il s’agissait de politique. Après tout, Kamenev détestait Emmanuel Macron, alors que de manière évidente il était cool, lisait de la grande littérature, et était très fidèle à sa femme.

CLÉMENTINE BEAUVAIS, BREXIT ROMANCE

« Je refuse d’attendre », dit Kamenev. « Je prends le train et j’y vais ! »

« On peut pas laisser la camionnette », dit Justine.

« Vous vous débrouillez avec ce véhicule de l’enfer. On est où ? »

« À Doncaster, c’est-à-dire nulle part. »

« C’est bien un truc de Londonien, de dire ça. C’est une grande ville et il y a une gare. Ce n’est pas nulle part. Je prends un train pour Thirsk et puis je vais à Elms Heights, et puis c’est tout. »

« Whatever », répondit Justine, ce qui voulait dire OK, c’est comme vous voulez, sans problème, je suis furieuse mais d’accord, nikel, c’est totalement votre choix.

CLÉMENTINE BEAUVAIS, BREXIT ROMANCE

Le mot de la fin

Maintenant je vais m’empresser d’aller me jeter sur d’autres des romans de Clémentine Beauvais. Tu en aurais à me conseiller ? Je ne sais pas comment j’ai fait pour rester si longtemps sans la connaître, mais ce qui est sûr, c’est que je vais vite rattraper cette erreur ! Ce n’est donc certainement pas la dernière fois que tu entends parler de Clémentine Beauvais par ici !

J’espère que cet article t’a plût et qu’il est parvenu à te faire te précipiter en librairie pour découvrir ce roman d’urgence !

Quant à moi, je te retrouve vendredi prochain pour un nouvel article !

Et même si ces dernières semaines je t’ai plutôt habitué à ce que je publie deux articles par semaine, ce ne sera malheureusement pas possible jusqu’à la fin du mois.

Nous atteignons la moitié du semestre à la fac, et qui dit mi-semestre, dit déferlante d’examens… Tu te doutes bien que je préfère de loin écrire des articles pour toi, mais que veux-tu, quand on n’a pas le choix…

En attendant, je compte sur toi pour m’envoyer toutes tes bonnes ondes pour que je parvienne à pondre un commentaire potable sur Clément Marot ce week-end. Et pour tous mes autres examens à venir, tiens, tant que tu y es ! Si ce n’est pas trop te demander, bien sûr.

À bientôt, donc !

Amandine Stuart

5/5 - (1 vote)

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2 Commentaires

  1. Rêveuse 16 septembre 2022

    Je suis en train de lire ce livre et il est absolument génial.

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